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ARGENTINA

Journal de bord


Vendredi, 27 décembre 1996
Nous nous posons sur la piste du nouvel aéroport en construction, mais utilisons les bâtiments du vieil aéroport qui lui était plus près de la ville. Le passage de la douane se fait très rapidement et comme il n’y a pas de bus, je partage un taxi avec d’autres touristes pour me rendre en ville. Pas de problème d’hébergement, comme je l’avais réservé par téléphone hier. Ainsi se termine mon long séjour au Chili et commence celui en Argentine tout au sud du continent, en Terre de Feu.

 

Samedi, 28 décembre 1996
Journée relativement tranquille à la recherche d’informations mais sans grand succès. Il faut me faire à la vie argentine car elle est bien différente du Chili et il n’est pas facile de s’en sortir en quelques minutes, mais à la fin j’ai trouvé ce que je cherchais. J’ai fait un plan pour la suite de mon voyage en Argentine et je me suis rendu compte que je n’ai plus trop de temps à disposition, et comme je n’aime pas courir, je vais faire des choix. Je vais me concentrer sur El Calafate et les chutes d’Iguazu avec une courte escale à Buenos Aires. Je vais laisser de côté Bariloche et tout ce qu’il y a entre la Patagonie et la capitale.

 

Dimanche, 29 décembre 1996
Il ne fait pas trop mauvais ce matin, je dirais même beau pour la région. Je décide de monter jusqu’au glacier Martial qui domine la ville d’Ushuaia (123). Le chemin monte lentement en passant par deux grands hôtels de luxe avant d’arriver à un télésiège. Heureusement je n’ai pas besoin de suivre la route, il y des raccourcis. Ainsi on peut éviter la route et la poussière. Il souffle de nouveau et des nuages s’accrochent aux montagnes devant nous. Le télésiège va très lentement, même si lentement que je m’endors en le regardant. On ne va pas gagner grand chose en le prenant. Je monte donc à pied par l’unique piste de ski. ½h plus tard je suis en haut, mais la pluie est arrivée et mélangée avec le vent, il fait relativement froid pour les mains, mais après 15 min, un temps relativement agréable pour marcher s’installe. J’étais sur le point de faire demi-tour car je n’ai pas vraiment l’habillement adéquat pour marcher dans le mauvais temps. Je continue jusqu’au fond de la vallée et attaque la montée d’une moraine très raide, qui monte à l’assaut du col. Finalement j’arrive au pied du glacier, enfin ce qu’ils appellent glacier c’est une petite surface de glace, mais rien de particulier. Par contre la vue plongeante sur la ville et le canal de Beagle est imposante et on voit très loin sur la partie chilienne du canal. Le retour se fait rapidement, mais je sens quand même un peu les jambes. Je vais visiter le musée maritime et l’ancienne prison d’Ushuaia qui était en fonction jusqu’en 1947. Il fait froid et humide à l’intérieur des cellules et ça donne un peu l’impression de ce que devait être la vie ici au bout du monde, surtout que la prison était souvent surpeuplée.

 

Lundi, 30 décembre 1996
2e journée d’excursion en Terre de Feu. Je me rends dans le parc national, quelques kilomètres à l’ouest de la ville. En fait de parc national, c’est plutôt un parc de récréation et détente; il est beau et le paysage est agréable à voir, mais rien de bien terrible. Ça ne vaut en tout cas pas plus qu’une journée. La première partie à la fin du parc, toute proche de la frontière avec le Chili (moins de 1 km), est même décevante si bien que très vite nous revenons sur nos pas pour faire le sentier qui longe la baie. Le chauffeur du bus nous avait indiqué le départ du sentier, car il n’est vraiment pas facile à trouver. Grâce aux indications nous le trouvons bien vite, mais il n’est pas très bien marqué et nous devons rester vigilants pour ne pas nous perdre; de temps en temps il nous faut chercher à droite, à gauche, car si on ne voit pas toujours le chemin, on se rend vite compte qu’on n’est plus sur celui-ci. C’est une marche en forêt très agréable, avec des montées et descentes le long de la côte. De temps à autre nous passons par une petite plage et avons une bonne vue sur la baie. Nous avons également remarqué que les arbres, pour se protéger de l’attaque des champignons, font croître comme une boule, ce qui donne une forme toute particulière et étrange. Parfois lorsque ces gonflements sont assez gros, certains les coupent pour en faire des tables et tabourets aux formes originales. En fin de parcours nous avons une vue superbe sur la partie chilienne du canal de Beagle. Il a plu parfois durant la journée, mais heureusement pas trop. Dans la soirée je vais faire un tour en ville avec François, un Parisien, pour admirer les lumières de la ville et du port.

 

Mardi, 31 décembre 1996
Journée bien tranquille pour le dernier jour de l’an. Ainsi, 1996 se termine pour moi en Terre de Feu à Ushuaia, où je vais passer le réveillon. Une grande partie de la journée a été consacrée à faire les courses pour le repas de ce soir. Il n’y a rien de particulier organisé par la municipalité, ce qui fait que nous avons décidé de passer la soirée à l’auberge en compagnie des autres voyageurs qui y résident. Le réveillon “au bout du monde“, non seulement car c’est tout au sud de l’Amérique, mais également un nouveau tournant dans mon voyage puisque dès demain je vais remonter vers le nord. Ainsi j’ai atteint pour la fin de l’année, le point le plus au sud de mon voyage. J’ai fait également les comptes et j’ai parcouru plus de 21’000 km en Amérique du Sud jusqu’à ce jour, et les prévisions pour mon voyage entier se situent à env. 80’000 km, mais c’est de l’avenir, comme 1997 pour encore quelques heures. Demain ma “course“ (124) à travers l’Argentine va commencer.

 

1997

 

Mercredi, 1er janvier 1997
Une nouvelle année commence avec une direction générale pour janvier: le Nord. Sur le plan gastronomique, 1996 c’est bien terminé. Au menu: salade mêlée, steak de bœuf sauce champignons et chou-fleur, plateau de fromage, chaussons aux pommes, le tout accompagné par un vin rouge Santa Anna de Mendoza, et pour passer l’an une bouteille de champagne argentin. On a passé une excellente soirée où on a très bien pu reconnaître les différents niveaux culinaires des pays européens, avec en tête l’Italie et la France, suivit de loin par l’Angleterre et pour terminer les Américains. Il fait bien beau sur Ushuaia pour commencer l’année, cela promet un beau vol sur la Terre de Feu. L’avion part à l’heure pour le très court vol sur Punta Arenas. Entre les nuages, nous voyons les magnifiques paysages et le vol d’approche sur la ville est super, car on descend et survole tout le détroit (125) avant de se poser au Chili.

CHILI

Malheureusement, on refait l’expérience de la douane chilienne, qui est la pire de toutes celles que j’aie passées en Amérique du Sud. Pas luisant pour un pays qui se veut le plus avancé de l’Amérique Latine. Tout marche comme je l’avais prévu, une fois en ville je trouve une place pour le prochain bus en partance pour Puerto Natales, où il y a également de la place à l’alojamiento Sra Maria. Pour cette première étape vers le nord, je suis revenu sur mes pas, mais dès demain je découvrirai des chemins nouveaux avec un passage définitif en Argentine. Je trouve le premier de l’an bien plus férié que Noël, car tout est fermé et il faut très bien chercher pour trouver un kiosque ou similaire d’ouvert. Il y a très peu de restaurants ouverts.

 

Jeudi, 2 janvier 1997
Lever normal où j’ai l’occasion de goûter au déjeuner de Sra Maria, avant de me rendre à la compagnie de bus qui est relativement loin. Il a fait très mauvais toute la nuit, avec du vent et de la pluie, mais ce matin il ne reste que le vent. Le bus part à l’heure et nous prenons la route pour Torres del Paine jusqu’à Cerro Castillo, où nous passons la frontière chilienne. Je suis très surpris de ne pas reconnaître le paysage jusque-là. Nous passons par un parcours relativement montagneux.

ARGENTINE

Le passage de la douane argentine se fait également sans problème; 1h en tout pour les deux postes pour tout le bus. De là commence le passage au travers de la pampa patagonienne. De vastes étendues avec très peu de végétation. C’est plat à perte de vue et les passagers qui dorment sont nombreux, car le paysage ne change guère. Mais soudain le bus commence une descente et nous avons une vue superbe sur le Lago Argentino, avec un bleu vert intense. A 14h00 nous arrivons à El Calafate, mais le fait de passer par l’avenue principale jusqu’au terminal des bus, me montre que c’est hyper touristique et on verra l’influence sur les prix. Je descends à l’auberge de jeunesse qui est très bien.

 

Vendredi, 3 janvier 1997

Une des raisons de venir à El Calafate, c’est d’aller voir le fameux Glacier Perito Moreno qui est déclaré patrimoine mondial, et c’est justement le but de la journée. Je fais un tour avec l’auberge. Normalement c’est un tour qui sort des sentiers battus. Nous passons premièrement par la 2e plus grande estancia (126) de la Province de Santa Cruz, qui compte 50’000 hectares, la plus grande qui se trouve un peu plus au sud a été achetée il y a deux ans par Mr. Benetton. Avec les moutons qu’il possède, il produit seulement 10% de la laine dont il a besoin. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est de voir toutes sortes de rapaces de la famille des faucons et des aigles, et d’un vol majestueux très haut dans le ciel, toute une série de condors. Les premiers condors vivants que je voie en Amérique du Sud. Nous continuons pour finalement arriver tout près du fameux glacier Perito Moreno. C’est un grand glacier qui descend du Capo Hielo Sur (127) et qui termine sa course dans le Lago Argentino. Il a cela de très particulier, c’est qu’il vient buter contre la rive opposée et parfois il sépare le lac en deux, empêchant le passage des eaux, ce qui provoque une montée des eaux de 25 à 27m en amont, inondant une surface immense jusqu’à ce que la force soit assez grande pour rompre la glace et que l’eau puisse se frayer un passage. L’égalisation du niveau entre les deux lacs se fait en une seule journée, l’avance du glacier peut ainsi recommencer. Le processus dure entre 3 et 4 ans, mais ne s’est plus produit depuis le 21 février 1988. L’avance du glacier depuis s’est ralentie, et l’eau arrive toujours à se trouver un passage. De voir comme ça, le fond du glacier à moins de 100 m de distance, d’une hauteur de 50m est un spectacle unique au monde. On entend des craquements, et parfois toute une partie du mur de glace s’écroule dans l’eau avec fracas. A un moment, une tour s’est effondrée et a bouché le passage de l’eau, et on a ainsi pu voir ce qui se produit, mais en miniature, lors de la rupture du glacier. On a eu de la chance avec le temps, et dans l’après-midi il y a même eu des rayons de soleil. On a bien passé 3h à regarder le spectacle que nous offre le glacier.

 

Samedi, 4 janvier 1997
Départ pour la partie nord du parc national, El Chalten, le point de départ de toute une série de trekking pour aller voir principalement les deux stars de la région, le Fitz Roy (128) et le Cerro Torre (129). Il faut 4h au bus pour parcourir toute la Pampa de Patagonie sur une route pierreuse, pour arriver au but de notre journée. Nous obtenons une courte information sur les randonnées à faire et les emplacements de camping dans le parc. Lorsque le bus nous laisse, on s’envole car le vent est violent, mais malheureusement nous ne voyons pas les montagnes, enfin on a un peu vu le Fitz Roy mais pas complètement, il y avait toujours un peu de nuages. Par contre le Cerro Torre est bouché et il n’a pas été vu pour une petite semaine. Espérons que ça change ces prochains jours pour que je puisse voir ces pics très esthétiques. Une marche de 2h30 me conduit au camp de base du Cerro Torre, qui heureusement est très bien abrité du vent, car il n’a pas baissé en intensité bien au contraire et il pleut également. Dans la soirée le vent tombe, mais je pense que ce n’est qu’une accalmie et qu’il va revenir. Ce fut une marche agréable sur en sentier bien marqué, le plus souvent en forêt ce qui nous protégeait un peu du vent. Dans les parties à découvert, il faut s’accrocher pour ne pas tomber à la renverse.

 

Dimanche, 5 janvier 1997
Il a plu toute la nuit, mais le vent est tombé. Durant la nuit il m’a semblé que la pluie avait diminué d’intensité, mais erreur, je constate sur la tente de gros points noir qui restent et ainsi je réalise que c’est de la neige, cela explique le silence soudain. Grasse matinée forcée, mais bienvenue. Il neigera plus ou moins toute la journée avec parfois un semblant d’éclaircie. Ma tente a bien tenu le coup et tout est encore sec à l’intérieur, si bien que je décide de rester au camp encore une nuit dans l’espoir que ça s’ouvrira, peine perdue rien ne change. Il n’y a pas grand chose à faire ici, mais je fais quand même un saut au lac, on y distingue à peine le glacier qui se jette dans le lac de l’autre côté. Je vais voir également le passage de la rivière qui donne ensuite accès au glacier qui conduit au pied du Cerro Torre. Il se fait par une tyrolienne, mais il parait que quand on est chargé, et que le niveau du torrent est haut, on passe dans l’eau, super! On passe la journée au refuge qui a été construit par les alpinistes qui ont tué le temps lorsqu’il faisait mauvais. Les gens ont dû en passer des jours immobilisés ici, je peux dire cela en observant les travaux de finition et de détail à l’intérieur.

 

Lundi, 6 janvier 1997
Répétition d’hier, mais la neige est plus mouillée et toute la région est prise dans le mauvais temps. J’ai décidé de bouger dans tous les cas, mais comme il ne fait pas beau, je décide de redescendre à El Chalten et d’y passer la nuit, soit sous tente si j’arrive à sécher ma tente ou à l’auberge si le temps reste mauvais. Il me faut 2h pour redescendre et comme la vague d’averses n’a pas l’air de s’arrêter, je pars en direction de l’auberge. Je dois de toute façon reconfirmer mon retour à Calafate qui est prévu pour demain, comme je le pensais au départ.

J’espère toujours que le temps se lève pour que je puisse voir les montagnes, sinon le Cerro Torre restera un mirage, une vue de l’esprit à travers le brouillard, et il ne me restera qu’à acheter une carte postale de ce que j’aurais dû voir. Heureusement que j’ai vu le Fitz Roy presque entièrement en arrivant avant-hier, lui je sais qu’il existe. Certains alpinistes sont déjà là depuis plus d’une semaine et ne l’ont toujours pas vu. Pour gravir la paroi, il faut compter 28 longueurs dans du 6a et quelques passage d’artif A3 avec sortie dans des pentes de glace. L’ascension se fait en un jour pour éviter toutes mauvaises surprises dues au mauvais temps. Même s’il fait beau et que le vent se lève, il faut redescendre et recommencer quand les conditions sont meilleures. Cette saison, encore personne ne semble avoir atteint le sommet selon les renseignements que j’ai pu obtenir.

 

Mardi, 7 janvier 1997
Le temps n’a pas changé malgré les quelques rayons de soleil qui entre dans la chambre. Les montagnes sont toujours dans les nuages et le temps mauvais. Même si je rentre sur Calafate, le bus ne part qu’à 18h00, si bien que je décide d’aller faire un tour jusqu’au camp de base du Fitz Roy. Le vent qui s’était calmé hier est de retour à pleine force, il faut se battre pour avancer. La montée est plus longue que pour le Cerro Torre, et une fois en haut c’est relativement plat, mais toute cette partie est très exposée au vent et il faut se battre de toutes ses forces pour ne pas se faire déplacer ou tomber. C’est pénible d’avancer dans ces conditions. Le seul souhait que j’aie, c’est d’être le plus vite possible de nouveau en forêt où là c’est relativement protégé. Il fait froid et il neige presque sur tout le parcours. Une chose particulièrement critique, c’est le passage de ruisseaux sur des troncs bien instables et il faut être sûr qu’il n’y ait pas justement une rafale de vent qui nous déséquilibre et nous fasse tomber dans l’eau, un peu un exercice d’équilibriste. Tout se passe cependant très bien et finalement après 2h de marche, j’arrive au camp de base Rio Blanco. Il faut dire qu’avec cette température, j’ai mis le turbo pour avoir chaud car je n’ai pas pris tout mon équipement. Il y a là une expédition russe composée de scientifiques et d’alpinistes. Ils ont déjà réussit le Cerro St. Exupery et attendent maintenant le beau temps pour gravir le Fitz Roy. Il y a de la neige au camp, env. 10 cm, et pour se passer le temps ils ont fait un bonhomme de neige. Au retour je fais un crochet jusqu’à la Laguna Capri pour simplement voir le lieu et l’emplacement du camp. Le retour est plus facile car j’ai le vent dans le dos et ça me pousse en avant ce qui est un avantage. Il fait moins froid, je réduis le rythme de marche et suis de retour à l’auberge en 2h30. Ça fait du bien de bouger un peu. Pour la première fois dans mon voyage, je n’ai pas réussi à faire ce que je voulais à cause du temps, même pas un petit espoir de sauver les meubles. Le Cerro Torre et le Fitz Roy resteront une imagination, car c’est la raison principale de ma venue ici, voir ces fameuses montagnes, mais j’ai fait chou blanc. Cependant on ne va pas faire de la dépression pour autant. C’est ainsi la Patagonie... . Au fur et à mesure que nous revenons sur Calafate, le temps s’améliore et le paysage de Patagonie, qui me semblait un peu ennuyeux, prend un tout autre aspect avec le soleil couchant, il devient même passionnant avec le jeu d’ombres. J’ai de la chance de trouver encore une place à l’auberge car elle est pleine.

 

Mercredi, 8 janvier 1997
Journée de rétablissement après ces quelques jours de trekking. Cela commence par une grasse matinée, suivie par une douche bienvenue. Pour éviter des frais inutiles je sors le savon et la planche à laver, et c’est à la main que je fais ma lessive. Il faut sans arrêt surveiller le linge qui sèche, car le vent est violent et à tout instant ça peut s’en-voler. L’avantage c’est que ça sèche très vite. Une fois ce travail effectué, je me préoccupe de mon voyage pour Buenos Aires et j’étudie différentes possibilités, mais la meilleure marché et la plus commode reste le bus avec un passage forcé par Rio Gallegos et une attente de 9h pour la correspondance. Un voyage de 40h qui devrait me voir samedi matin dans la capitale fédérale d’Argentine. J’ai essayé de réserver un hôtel, mais il n’accepte pas de réservation téléphonique. Ça ne devrait pas poser de problème car j’arriverai samedi matin très tôt si tout se passe bien. En soirée, j’apprends que le temps à Chalten était relativement beau et que les sommets étaient visibles, simplement de la poisse.

 

Jeudi, 9 janvier 1997
Départ pour un long voyage d’une seule traite qui va me conduire dans la capitale argentine, Buenos Aires. Bien que le but de ce voyage se trouve au Nord, le trajet en bus commence par retourner pour env. 300 km au sud-est, jusqu’à Rio Gallegos. Le port, bien qu’en retrait dans un estuaire, est sur l’océan Atlantique. La première fois que je suis sur l’Atlantique en Amérique du Sud pour ce voyage. A Rio Gallegos il y a 9h d’attente pour prendre le bus de Buenos Aires. Je vais donc faire un tour en ville et régler différentes choses administratives. Je visite également le petit musée installé dans les murs de la première maison du lieu. En fait Rio Gallegos a été colonisée et créée par des colons britanniques venus des îles Malvines, suivis par des Allemands. Certains éleveurs de Punta Arenas ont également fait le chemin vers le nord. A 21h00 le bus part pour son périple de 2600 km en passant par Santa Cruz, Comodoro Rivadavia, Trelew, Puerto Madryn, San Antonio Oeste, Viedma, Bahia Blanca, Azul et finalement Buenos Aires, 36h en tout avec les arrêts.

 

Vendredi, 10 janvier 1997
J’ai relativement bien dormi. J’ai de la chance, j’aurai deux sièges pour moi tout seul, ce qui permet de s’installer un peu plus confortablement, même si ce n’est pas un salon cama ou semi-cama. Le jour se lève alors que la route longe la côte atlantique près de Caleta Olivia, un des centres de production de pétrole argentin. La côte est superbe avec ses falaises et ses plages bien sauvages. Après avoir suivi pendant des mois l’Océan Pacifique, je vois pour la première fois les côtes de l’Océan Atlantique sud américain. Notre voyage vers le nord continue imperturbablement, à la différence qu’à Trelew je constate pour la première fois le changement de température, il fait chaud et j’ai envie de manger une glace, ce que je n’avais plus fait depuis Santiago. Comme on remonte vers le nord, il va faire encore plus chaud et surtout plus humide en se rapprochant de Buenos Aires. Heureusement que le bus est climatisé, mais la chaleur va enfin guérir ma toux et mon rhume qui me tiennent depuis Punta Arenas.

 

Samedi, 11 janvier 1997
Après huit ans, je suis de retour à Buenos Aires. C’est presque un passage obligé quand on voyage en Argentine. Malgré le coût de vie élevé en Argentine, il est possible de trouver des hôtels relativement bon marché en plein centre de la capitale. Nous arrivons au terminal des bus qui est immense, avec plus de 75 places pour l’embarquement dans les bus. Mais nous nous parquons tout au début, ce qui fait qu’il ne me faut pas trop marcher pour rencontrer un taxi. Bien que ce soit le matin, il fait déjà chaud et humide, je ne sais pas trop comment je vais supporter ce climat, surtout avec un changement si rapide. Mais il faudra bien m’y faire car c’est ce type de temps qui m’attend pour toutes ces prochaines semaines, non seulement en Amérique du Sud, mais aussi dans les îles du Pacifique. C’est samedi et il y a une grande animation dans les rues du centre, et cela très tôt dans la nuit, pas trop moyen de fermer l’oeil, c’est souvent comme ça en Amérique du Sud. Etre à Buenos Aires, c’est également l’occasion de faire un bain de culture, ce qui n’est pas trop souvent le cas sur ce continent. J’ai été voir le film argentin “Eva Peron“ qui a soulevé des vagues de critiques dans les journaux ces derniers temps, avec la sortie aux USA du film “Evita“ avec Madona. Ça a été pour moi l’occasion d’apprendre un peu de l’histoire récente du pays, mais il faut rester vigilant car le film a été fait par des Argentins et n’est pas forcément objectif. Cependant, ce qui était intéressant à remarquer, ce fut la réaction de certaines personnes, d’un certain âge, qui ont probablement vécu les événements il y a 40 ans. Le sentiment d’adulation des Péron est encore bien présent en Argentine et n’est pas prêt de mourir. Le film était en espagnol, mais les acteurs parlaient distinctement et j’ai bien pu comprendre. Les personnages étaient élitaires, ce qui aide la façon de parler.

 

Dimanche, 12 janvier 1997
Visite de Buenos Aires par mes propres moyens, à pied et en métro. Je commence par aller à San Telmo, plus précisément vers la place Dorrego où se tient chaque dimanche un marché de brocante. L’ambiance est sympa mais c’est une chose qui ne m’intéresse pas trop. Ce qui est vendu date de la fin du siècle passé, ou du début jusqu’à la moitié de celui-ci. Sur une place réservée à cet effet au milieu des stands, je peux assister à une démonstration de danses tango, avec les différents styles. Le tango est une danse mélancolique et même triste parfois, bien loin de la joie de vivre de la samba brésilienne. Ce n’est pas facile pour les danseurs car ils fondent au soleil, et les places à l’ombre sont occupées par les spectateurs. Un autre trajet en métro me conduit au cimetière de la Chacarita, où est enterré entre autre Juan Péron (130) et Carlos Gardel. Les tombes ne sont pas faciles à trouver aux milieux des mausolées des différentes familles. On voit que ce furent deux personnages qui ont marqué le pays, chacun à sa façon. Les tombes sont fleuries mais je pense que celle de Carlos Gardel, le chanteur qui a rendu le tango populaire dans le monde entier, est plus fréquentée. C’est dimanche et devant la statue je rencontre un groupe d’Argentins qui sont là devant la tombe, avec une radiocassette et qui écoute simplement du tango an discutant de l’importance du personnage dans la vie argentine. En soirée je m’octroie une folie financière et vais manger un célèbre steak argentin “bife de lomo“ dans un restaurant chic spécialisé dans les pariladas (grillades). La viande fut un régal, malheureusement un peu évincé par la qualité plus que médiocre des frites. Mais chassons les mauvais souvenirs et gardons les bons. J’ai l’impression que Buenos Aires me plaît plus cette fois qu’il y a huit ans, c’est peut-être dû au fait que je sois mieux préparé et que je parle espagnol cette fois. Je ne trouve pas la visite de la ville ennuyeuse comme l’autre fois.

 

Lundi, 13 janvier 1997
7 mois de voyage déjà, le temps passe vite, cependant en Argentine je le remarque un peu car en raison de mon retour fixe sur Santiago, j’ai dû laisser tomber quelques lieux pour me concentrer sur d’autres. Visite de la capitale. Je descends à la Casa Rosada (131), la résidence du président argentin pour ensuite remonter toute l’Avenida de Mayo jusqu’au Parlement, je ne marche pas vite car je trouve qu’il fait plus chaud et humide qu’hier bien que les panneaux indicateurs montrent le contraire. Ça doit être l’humidité. Même les Porteños (132) souffrent de la chaleur, tout le monde transpire. Je visite un des premiers vieux cafés, le Café El Molino. Son architecture début du siècle est incroyable, mais il y a une partie self-service avec assiettes et services en plastique, l’emprise des temps modernes. Je ressors sans consommer et à la recherche d’un coin à l’ombre, je me rends aux jardins botaniques en métro. Là, il y a bien des gens qui ont fait le même choix que moi, mais il y a encore quelques bancs de libre à l’ombre des arbres. Je rentre ensuite sur le centre pour aller prendre un café au fameux Café Tortoni, qui lui est traditionnel et typique. Mais il y a une pancarte qui annonce une rénovation, donc du changement en perspective. Pour commencer la soirée, comme il fait toujours très chaud, je retourne au ciné: Quand je rentre à l’hôtel, la température dans les rues est redevenue agréable. Demain nouvelle journée de mouvement vers le nord jusqu’aux chutes d’Iguazu.

 

Mardi, 14 janvier 1997
Je ne suis pas pressé de me lever car je n’ai pas grand chose à faire. Mon bus ne part qu’en début d’après-midi. Dans ma chambre, il fait trop chaud et humide pour y rester si bien que je boucle mon sac et pars faire un tour dans les parcs de la ville, où à l’ombre des arbres et avec de temps à autre une légère brise, il fait bon. Je retrouve sans problème l’hôtel où j’ai séjourné il y a 7 ans, ce fut le Bisonte, avec des chambres aujourd’hui entre 100-150 US$ par jour et personne, absolument pas dans mon budget cette fois. Je me souvenais de voir l’obélisque, le théâtre Colon et la rue piétonne; c’était mes points de repère pour retrouver le lieu, mais quand j’ai vu le bâtiment avec son entrée dans le coin de la rue et le parc en face, j’en étais sûr, c’était bien cet hôtel. Pour ne pas trop faire d’efforts, je prends le taxi pour aller au terminal des bus qui est immense avec 75 quais d’embarquement. Mais il est bien organisé et c’est facile à s’y retrouver. Le bus part à l’heure, mais il faut relativement beaucoup de temps pour sortir de la capitale car il y a beaucoup de trafic et quelques arrêts pour charger des passagers. Environ 100 km au nord de Buenos Aires, nous passons le Rio Paraná sur un pont suspendu pour arriver dans la province argentine de Mesopotamia. Nous longeons premièrement la frontière avec l’Uruguay et ensuite le Brésil. La frontière est le cours d’eau Rio Uruguay. En pleine nuit nous passons par Posadas et longeons alors le Rio Paraná qui fait la frontière avec le Paraguay jusqu’à Puerto Iguazu, un lieu où le Brésil, l’Argentine et le Paraguay se rencontrent. Le paysage a bien changé et est maintenant subtropical. Je me souviens d’un cliché que ma mémoire a enregistré, alors que je somnolais dans le bus au petit matin. L’aube éclairait le ciel dans le fond, alors que de la forêt encore noire, un palmier se découpait clairement sur le fond plus clair.

 

Mercredi, 15 janvier 1997
Nous arrivons avec plus d’une heure de retard à Puerto Iguazu. Il n’y a pas trop de touristes et il n’est pas difficile de trouver un lit. Comme il est relativement tôt et qu’il fait beau, je décide d’aller visiter les chutes d’Iguazu du côté argentin le jour même... Ouah!. Ce fut une journée incroyable, j’en ai encore le souffle coupé. Avec un service de bus régulier, je me rends aux chutes. Comment visiter ce site grandiose et unique. Il est bien grand avec trois possibilités; le tour inférieur, le tour supérieur et la Garganta del Diablo. Je commence par le circuit inférieur où il y a quelques chutes mais pas encore trop grandes, on voit au fond la Garganta, mais elle est envahie par un brouillard dû aux chutes. On a une vue spectaculaire sur toute une série de chutes. Il y a des passerelles qui nous permettent d’aller au pied de la chute Ramirez, mais on n’y reste pas très longtemps car c’est une véritable pluie qui s’abat, mais ça rafraîchit et ça fait du bien. Après ce premier contact avec les chutes, je passe en bateau à la Isla Grande San Martin qui nous donne une autre perspective des chutes. A un endroit, je quitte le sentier pour traverser le cours d’eau en utilisant les rochers et pour aller voir une autre chute que l’on aperçoit au travers d’une arche rocheuse. Mais pas moyen de traverser sans se mouiller les pieds et il faut tout de même faire attention, car si on est emporté par le courant il y a les saltos des Mousquetaires en dessous, mais le risque est minime. Sur l’île il y a également un mirador qui permet une vue très proche de la chute San Martin où une grande quantité d’eau tombe dans les abîmes de la gorge. Le circuit supérieur nous fait voir ces mêmes chutes, mais depuis le haut. On voit d’un côté des passerelles, un cours d’eau relativement tranquille et de l’autre l’enfer avec l’eau qui se précipite au bas de la falaise. Malheureusement les inondations de 1983 ont détruit de nombreuses passerelles, et aujourd’hui certaines parties ne sont plus accessibles, mais ça reste super ainsi. Pour visiter la Gorge du Diable, il faut remonter le cours d’eau sur quatre kilomètres jusqu’à Pto Canotas où là, il faut prendre un bateau pour rejoindre le mirador qui domine la partie principale des chutes. A nouveau les inondations ont détruit une grande partie des passerelles et les intérêts économiques du propriétaire des bateaux ont empêché la reconstruction. Du mirador on a une vue incroyable sur la Garganta del Diablo même si on n’en voit pas le fond dû aux gouttelettes d’eau. C’est incroyable de voir les masses d’eau se précipiter dans le vide dans un fracas continuel. C’est un spectacle hypnotisant de voir cette eau s’engouffrer dans la gorge. Les Indiens Guarani ont une histoire, une légende, qui explique la création des chutes, mais il y a une explication géologique bien plus simple des chutes. Le Rio Iguazú traverse dans le sud brésilien un plateau basaltique qui s’arrête brusquement à l’Est du confluent avec le Rio Paraná. Où la coulée de lave s’arrête, au moins 5000 m3 d’eau plongent pour au moins 70 m en bas de la falaise sur le sol sédimentaire au fond. Aux temps des hautes eaux, le volume d’eau peut-être plusieurs fois plus grand. Dans sa folie de sa vague de privatisation, le gouvernement Menem se met à privatiser les parcs nationaux, ce qui va laisser le champ libre à l’argent, aux dépends des intérêts de la nature. Privatiser des sites naturels ne peut rien donner de bon. La nature fait partie du patrimoine mondial et non de particuliers. Il faut préserver ces sites naturels et je ne comprends pas très bien pourquoi l’UNESCO ne réagit pas à ce projet. J’ai eu de la chance de voir ce lieu avant cette phase, mais qui sait, ce projet ne se réalisera peut-être jamais, car le gouvernement est mis à mal par la situation économique actuelle du pays.

 

Jeudi, 16 janvier 1997
Deuxième journée de visite des chutes, mais du côté brésilien cette fois. Pour cela j’ai pris un tour qui fut le pire de tous mes périples organisés en Amérique du Sud. Juste un mot sur ce qui ne m’a pas plu pour me concentrer sur ce qui était bien. Nous avons passé presque 4h dans des shopping center à Foz de Iguazu et Ciudad del Este. C’est un tour pour Argentins en mal d’achat de produits bon marchés, mais comme ils ne savent pas encore voyager autrement qu’à la manière japonaise, ils se font avoir. J’aurais dû, comme j’en avais l’intention au début, aller visiter les chutes par mes propres moyens, mais revenons en aux chutes. Les Brésiliens eux exploitent les chutes de façon plus commerciale que les Argentins. Ce qui me gène le plus, c’est le bruit de l’hélicoptère qui survole les chutes toute la journée et l’espèce de tour au début de la Garganta. Hier en faisant des photos du côté argentin, il était pratiquement impossible de l’éviter, une véritable verrue; mais les Argentins ont la leur, c’est au milieu de la forêt verte, l’hôtel international qui a été construit sans goût et soucis d’intégration dans son milieu, du côté brésilien, l’hôtel est plus discret et mieux intégré même s’il n’est pas plus petit. La grande différence entre le côté brésilien et argentin des chutes, c’est que le côté brésilien offre une vue d’ensemble des chutes et du site, alors que de l’autre côté on est plus près, plus à l’intérieur des chutes. Ce qui fait que le côté brésilien est moins spectaculaire, mais ça serait une erreur de manquer cette visite. C’est beau de voir toutes ces coulées blanches qui descendent de la falaise. Le mirador en bordure de la Garganta del Diablo, à mi-hauteur, donne une toute autre perspective et particulièrement humide du site. Il n’y a pas de problème pour passer la frontière dans cette région, c’est un peu semblable à Bâle avec la frontière entre la Suisse, la France et l’Allemagne. Après la nature, la technique. Nous allons visiter le plus grand barrage du monde, le barrage d’Itaipu. Il est construit sur le Rio Paraná entre le Brésil et le Paraguay. Il à 8 km de long et une hauteur maximale de 190 m. La puissance est de 12’600 MW. Moi je voyais ça plus grand, mais quand même en voyant des gens travailler dans un des trois déversoirs, à sec, c’est impressionnant. Mais tout compte fait, une journée est suffisante pour visiter les chutes et le barrage. Sur le chemin du retour, nous allons encore faire escale à Ciudad del Este au Paraguay. J’espère que cette ville n’est pas le reflet du Paraguay, car la ville est très sale et le niveau de vie est bien plus bas. J’ai l’impression d’être de retour dans les pires lieux d’Equateur, Pérou ou Bolivie. En voyant cela, je ne regrette pas de laisser le Paraguay de côté. La ville vit du commerce car de nombreux Brésiliens et Argentins s’y précipitent pour faire des achats avantageux d’électronique, mais pas pour tout, car dans le bus plusieurs femmes n’ont pas pu résister à l’achat de parfum de marque à des prix imbattables, mais seulement pour constater qu’elles avaient acheté de l’eau colorée! Une journée avec incursion très rapide et courte au Brésil et au Paraguay, mais sans avoir de tampon dans mon passeport.

 

Vendredi, 17 janvier 1997
Journée repos, mais qui commence par la lessive. Avec ce climat chaud et humide, je transpire énormément et bien sûr, en conséquence, il faut changer plus souvent d’habits et la réserve s’épuise plus rapidement. Je profite de ces longs jours de voyage en bus et des journées de repos pour avancer dans la lecture de mon livre de Pablo Neruda “Confieso que he vivido“. Si je continue à ce rythme, je vais le finir avant Santiago, ce qui serait une bonne chose car je pourrai le renvoyer, c’est mon 4e livre en espagnol. Je vais ensuite faire un tour sur un promontoire à la jonction des Rios Paraná et Iguazu, qui fait la frontière entre les 3 pays. Il y a de chaque côté un monument aux couleurs du pays, avec du côté brésilien et argentin, des boutiques souvenirs et restaurants. Du côté brésilien, ils ont construit une véritable forteresse que je trouve horrible. Je descends également jusqu’au petit port de Puerto Iguazú, qui avant la construction du pont au début des années 90 était très important, car c’était l’unique communication du coin avec le Brésil au moyen d’un ferry. Aujourd’hui, on y rencontre les pêcheurs qui viennent en fin de journée taquiner le poisson.

 

Samedi, 18 janvier 1997
Le point le plus au nord de mon séjour argentin est atteint, ce qui fait que je retourne vers le sud dans un premier temps, et ensuite direction à l’Est. Mais pour aujourd’hui, je ne fais que quelques heures de bus jusqu’à San Ignacio Mini. Il y a dans ce petit village les ruines d’une ancienne mission jésuite, qui a été restaurée et qui permet bien de se faire une idée de ce que furent ces missions à l’époque. C’est la méthode que les Jésuites avaient employée avec succès pour sédentariser et évangéliser les indiens Guarani. Elles ne purent pas vivre trop en paix, car elles souffrirent des attaques des chasseurs d’esclaves portugais du Brésil et des colons espagnols de la Pampa argentine. Tout fonctionna bien jusqu’en 1767 où l’Empereur d’Espagne chassa tous les Jésuites du territoire national et des colonies. Les missions ne fonctionnèrent que très mal avec leurs successeurs franciscains ou dominicains. A son époque de grandeur, la mission de San Ignacio comptait 4300 personnes en 1731. Ensuite elles ont été incendiées et la forêt a repris le dessus jusqu’en 1897 où les ruines ont été redécouvertes. En me promenant dans les ruines, j’ai l’impression d’être dans le village Conception en Bolivie avec un style de base similaire, mais ici le gros des constructions est fait d’une pierre rouge. Ils avaient également ces grands avant-toits pour se protéger du soleil, que j’avais apprécié dans le village bolivien. J’assiste dans la soirée au spectacle sons et lumières qui raconte l’histoire de la mission, et les parties intéressantes qui bordent la Plaza de Armas sont mises en valeur par un éclairage adéquat. C’est un moment agréable que nous passons et les morceaux de musiques s’accordent à merveille avec le décor naturel, car en plus de la technique, il y a tous les bruits naturels de la forêt, et vraiment il y a bien des sons dans la jungle la nuit.

 

Dimanche, 19 janvier 1997
Dans la matinée, je vais vraiment visiter les ruines et faire des photos. Le musée est intéressant avec ses différentes salles où, dans chacune, il y a une scène reconstituée, la forêt, la création du monde vu par les Guaranis, un port avec une galère espagnole, la Cour d’Espagne, l’arrivée des Jésuites et la construction de la mission. Le seul regret c’est de ne pas avoir une information plus précise sur les Guaranis, mais ce musée est original et bien, il en vaut la visite. Dans l’après-midi, je me rends à Posadas où je n’ai pas de peine à trouver une place dans un bus en partance pour Cordoba, le dernier long voyage en bus en Amérique du Sud. Je prends à nouveau “Cruzero del Norte“ car j’avais été content de mon voyage entre Buenos Aires et Iguazu, et comme ils ne sont pas plus cher que les autres, j’opte pour eux. Le voyage se passe sans histoire, d’autant plus que nous avons un tout nouveau bus à deux étages et qu’il n’y a pas beaucoup de passagers, on a bien de la place.

 

Lundi, 20 janvier 1997
A 6h30 nous passons à Parana où, de là, un tunnel sous le fleuve du même nom nous conduit à Santa Fé, et en continuant vers l’Est, nous arrivons à Cordoba à la mi-journée. Un voyage sans aucun problème. A Cordoba il fait très chaud, mais je trouve une pension tout près du terminal des bus, ce qui est très pratique. Après un peu de repos, je vais jusqu’à la Place San Martin, le cœur de la ville. La zone piétonne est relativement grande et il est agréable de s’y promener. Cordoba me paraît une ville avec une grande influence européenne. On y rencontre de nombreuses entreprises du même continent, particulièrement dans l’alimentation, avec un grand centre commercial Carrefour, les supermercados Spar et la manière de présenter la marchandise, qui est très européenne plus qu’américaine.

 

Mardi, 21 janvier 1997
Je commence par aller visiter le musée des sciences naturelles où il y a les restes fossilisés d’un glyptodont, animal préhistorique, ancêtre du tatou qui vit encore dans la jungle Amazonienne. Ils ont trouvé le squelette dans la province de Cordoba. Je vais visiter les rues avec toute une série de maisons coloniales, telles qu’églises, écoles, université, mais je dois dire que je suis un peu déçu car il y a bien d’autres villes en Equateur ou en Bolivie qui ont gardé un cachet bien plus colonial. Je passe une grande partie du temps à l’ombre, dans les jardins de la ville. C’est incroyable la consommation d’eau, de bière que je peux faire en ce moment, entre 4 et 6 litres par jour. Il faut reconnaître que depuis mon arrivée à Buenos Aires, je n’ai plus connu de jour avec des températures en dessous de 30°C. Il a même fait un jour 45°C quand j’étais à Buenos Aires. Je termine ma journée par la visite du parc Sarmiento qui domine la ville au sud, mais aujourd’hui la vue de la ville est complètement bouchée par une rangée de grands bâtiments d’habitation, type HLM.

 

Mercredi, 22 janvier 1997
A l’Ouest, la Sierra de Cordoba interrompt la Pampa. C’est justement dans cette chaîne de montagnes que je vais aller marcher aujourd’hui. Je prends un bus de Cordoba jusqu’à Cosquin, une ville touristique à env. 60 km au nord de la capitale provinciale. C’est un lieu très touristique, amplifié encore en ce moment car un festival folklorique national s’y déroule, ce qui attire encore plus de monde. Je n’aime pas trop, car il y a beaucoup de monde comme dans une de nos stations d’été. Après m’être renseigné sur le chemin à prendre, je quitte la ville en passant par la piscine municipale, qui n’est autre que la rivière qui forme un lac à cause d’un petit barrage. Je me retrouve très rapidement ensuite sur une route caillouteuse qui doit me conduire à un col. Heureusement il n’y a pas trop de trafic. Il fait très chaud, le soleil tape et il n’y a guère d’ombre. J’arrive finalement au col d’où  part un télésiège, mais même celui du Weissenstein (133) parait plus moderne et mieux construit. Mais je ne suis pas monté jusqu’ici pour m’asseoir sur une remontée mécanique. Par un chemin très raide et en une petite demi-heure, je suis en haut et là... la vue est sublime. Premièrement sur la vallée de Cosquin avec au fond le lac artificiel et le centre touristique du coin, Vila Carlos Paz. En fond, bouchant l’horizon, la Sierra de Cordoba Grande. De l’autre côté jusqu’à l’infini, s’étend la plaine toute plate jusqu’à ce qu’elle se perde dans l’horizon. Au milieu de tout cela, la ville de Cordoba est parfaitement reconnaissable avec ses hauts buildings. Je reste longtemps là, simplement à admirer le paysage, avant de redescendre sur Cosquin. Le chemin me paraît plus long qu’à l’aller et il fait chaud. En arrivant au bord de la rivière, vers la piscine, j’ai une grande surprise. Premièrement il y a beaucoup de baigneurs qui s’éclatent dans l’eau rafraîchissante, mais ce qui est moins réjouissant, c’est que l’eau passe par-dessus le barrage. Il y a maintenant 10 cm d’eau et comme je n’ai pas, mais alors pas du tout envie de revenir en arrière et faire un détour pour utiliser le pont, il ne me reste qu’à retirer mes souliers. Cela me permet d’observer les activités aquatiques en attendant que mes pieds sèchent au soleil. En fin de journée je suis de retour à Cordoba.

 

Jeudi, 23 janvier 1997
Un peu journée d’attente, mais il fait plus chaud que les autres jours et il n’y a pas un seul nuage dans le ciel azur. Pour passer des moments relativement agréables il n’y a qu’un genre de lieu, les différents parcs de la ville. En fin d’après-midi je vais au ciné voir le film “Hijos de la Calle“ (Sleepers en anglais) avec Roberto de Niro, Dustin Hoffmann, Brad Pitt et d’autres; c’est un film prenant et qui m’a bien plus, même si c’est un peu tiré par les cheveux lors du jugement. C’est un sujet tabou, le viol de jeunes garçons dans les centres pénitenciers et qui se passe aussi chez nous. Il est évident qu’à l’époque, il devait y avoir plus de cas qu’aujourd’hui, mais je n’en suis pas aussi sûr. Je suis au terminal des bus avec de l’avance, mais là m’attend la plus désagréable surprise de mes voyages en bus en Argentine. La compagnie utilise un vieux bus, où l’air conditionné ne fonctionne plus et dans ces régions, c’est une obligation en été. Le service de téléphones cellulaires bien évidement est absent. La seule chose promise qui est tenue, c’est l’hôtesse qui est sympa et fait de son mieux, enfin presque, pour nous servir une nourriture qui affamerait même un moineau. Cette compagnie porte bien son nom “La Cumbre“, le sommet oui, mais de la honte, de se f... de telle manière des passagers. Nous repassons par la vallée touristique où j’étais hier, mais cette fois de nuit et par d’autres chemins. Comme nous sommes partis vers 22h00, nous ne verrons pas grand chose du paysage. Toute la nuit il fait chaud dans le bus, presque tout le monde a fermé les fenêtres et il n’y a pas de mouvement d’air, ce qui n’arrange pas la situation, mais on va bien survivre.

 

Vendredi, 24 janvier 1997
Je finis par rouvrir le clapet du toit pour avoir de l’air frais, et personne ne réclame même si je suis sûr que ça ne plaît pas à tous. Vers les 7h00 nous sommes à San Juan. Au soleil levant, la cordillère aride s’illumine et crée un spectacle super. Nous mettons le cap sur le sud en longeant la chaîne de montagnes et arrivons ainsi à Mendoza. Je suis de retour dans cette ville que j’avais bien aimée, et qui me plaît à nouveau lorsque je me promène dans les rues. Je crois que c’est tous ces arbres plantés dans les rues et qui prodiguent de l’ombre en abondance, qui donne cet air agréable à la ville. Je fais un tour dans les rues et jusqu’à la place centrale pour retrouver notre hôtel d’il y a huit ans, et je ne me trompe pas c’était bien l’hôtel Plaza en bordure de la place Indepedencia, la place principale de la cité. Je renonce à faire du rafting car c’est trop cher et ça me paraît moins difficile qu’au Chili. Les coûts sont plus du double si on prend différents points en considération. Demain, je vais donc tranquillement visiter la ville, et peut-être retourner au ciné, à voir.

 

Samedi, 25 janvier 1997
Une journée bien tranquille avec très peu au programme, mais de très longues discussions avec les résidents de langue maternelle espagnole, ce qui a été un excellent exercice. Ces deux dernières semaines, je n’ai rencontré que peu d’étrangers. Presque tous les touristes sont Argentins ou Chiliens. Il a fait chaud et il a même un peu plu en fin de journée.

 

Dimanche, 26 janvier 1997
Journée de pèlerinage, en effet sur mon chemin de retour à Santiago de Chile, je vais refaire la route qui conduit à Puente del Inca, le point de départ pour l’Aconcagua dont on fête le centenaire de la première ascension, ce qui fait qu’il y a beaucoup de monde sur la montagne. On refait le même trajet et je trouve à nouveau cette vallée absolument super et le jeu de couleurs est extraordinaire. A Puente del Inca, on passe les formalités douanières d’Argentine dans le nouveau poste frontière qui était en construction il y a 7 ans. En continuant en direction de la frontière, il y a quelques montagnes avec de très beaux glaciers. Le col, qui fut le lieu de passage entre les deux pays, est maintenant fermé et a été remplacé par un tunnel qui permet de laisser le passage ouvert même en hiver. De l’autre côté, c’est la surprise! La vallée qui montait gentiment du côté argentin, plonge très rapidement du côté chilien et la route fait de nombreuses épingles à cheveux, une descente à nous couper le souffle.

CHILI

Le passage de la douane chilienne ne pose, à ma grande surprise, aucun problème. La vieille ligne de chemin de fer, du côté chilien, était pour une grande partie à crémaillère, mais malheureusement, la ligne n’est plus entretenue depuis longtemps et le train a cessé de circuler il y a belle lurette. C’est dommage car si la ligne était encore utilisable, ça ferait une attraction touristique majeure, je le pensais déjà il y a 7 ans mais j’en suis plus que convaincu aujourd’hui, le passage est tellement fantastique. Au passage pendant env. 1 min, nous avons vu la face sud de l’Aconcagua. Après 6h30 de voyage, je suis de retour à Santiago et ainsi la boucle est fermée, mais je crois que la chose la plus importante et que je ne réalise pas encore, c’est que mon séjour en Amérique du Sud est pratiquement terminé, une page... enfin un volume de mon voyage qui se tourne. 7½ mois de voyage déjà et j’ai fait quelques comptes, c’est assez impressionnant. Au point de vue transport, j’ai pu sortir les chiffres suivants de mes premiers volumes de mon journal de bord.

 

Voyage

[km]

[h]

[km/h]

Avion

11’050

13.0

850

Avion

5’130

8.5

604

Bateau

2’259

123.0

18.4

Train

1’265

37.0

34.2

Pied

257

82.0

3.13

Divers

926

30.0

30.9

Bus

19’254

353.5

54.5

 

Un total pour l’Amérique du Sud de 29091 km en 634h et au total général 40141 km en 647h, j’ai donc déjà fait une fois le tour de la Terre. Je vais faire ces prochains jours une évaluation de mon voyage en Amérique du Sud.

 

Lundi, 27 janvier 1997
J’ai à nouveau quelques journées administratives devant moi, mais mélangées avec la visite de la ville, enfin une partie. Pour la partie touristique, j’ai été voir la maison du poète Pablo Neruda, mais elle était fermée. C’est une maison bleue qui abrite aujourd’hui la fondation du même nom. En continuation, j’attaque la montée de 300 m qui me conduit au sommet de San Cristobal, une colline qui domine la ville et offre une vue incroyable sur la capitale. A l’aide d’une carte on arrive facilement à reconnaître certaines caractéristiques de la ville. Ce sommet attire de nombreux touristes nationaux et étrangers. J’ai renoncé à prendre soit le funiculaire ou la télécabine pour visiter le parc, car c’est à pied qu’on le découvre le mieux même s’il n’y a aucun plan, avec un peu de nez on arrive à s’y retrouver parmi les nombreux sentiers. J’ai bien aimé la vue grand angle qu’on a de la ville et d’avoir ainsi une autre perspective de la cité. Tout est en ordre pour mon vol sur l’île de Pâque et Tahiti. Heureusement que j’ai pu chercher des informations à l’office du tourisme des îles, car en voyant les prix, j’ai l’impression que ça va faire une sacrée saignée à mon budget. Mais à force d’éplucher tous les renseignements, il semble qu’il y a une lueur à l’horizon pour maintenir les coûts le plus bas possible.

 

Mardi, 28 janvier 1997
Après l’envoi de mon paquet en Suisse, je suis plus léger de 7 kg. En arrivant chez DHL, ils m’ont informé qu’ils avaient une promotion et qu’à partir de 10 kg, les prix étaient plus bas, comme en Equateur. Comment ajouter du poids, sortir dans la rue et récolter des pierres ce qui serait la solution la plus simple pour économiser 50%, mais j’opte pour une solution finalement plus coûteuse, mais au point de vue culturel plus raisonnable, en comblant la différence avec des livres. Mais il faut faire usage de la carte de crédit car les livres sont chers ici. J’ai téléphoné à la maison et il n’y a rien de particulier, ce qui est très bien. Une journée de folies financières car j’ai encore acheté une nouvelle réserve de films pour ma traversée du Pacifique. En fin de journée je me paie quelques moments d’émotion en allant visiter le parc d’amusement au centre de la ville, où il y a quelques bonnes montagnes russes dont le Boomerang que j’avais déjà essayé il y a 8 ans à Brisbane (134) en Australie. Par contre, j’ai remarqué que je ne supportais pas très bien tout ce qui tourne alors qu’avant j’adorais ça. Peut-être que j’avais l’estomac un peu vide. Je considère cette journée purement administrative. Il ne me reste qu’à faire mon budget pour l’île de Pâques et à changer l’argent nécessaire, car les cours ne sont pas avantageux dans l’île.

 

Mercredi, 29 janvier 1997
En cette dernière journée sur sol sud-américain, j’aimerais résumer un peu mes impressions sur ce que j’ai vu de l’Amérique du Sud. Il est évident que les pays les plus pauvres sont l’Equateur et la Bolivie, suivi par le Pérou. Je ne parle bien sûr que des pays que j’ai visité. Au sud c’est différent avec le Chili et l’Argentine. Le coût de la vie en Argentine est 30-50% plus élevé qu’au Chili. La nourriture et les transports sont relativement chers. Cependant le salaire moyen est à peu près le même dans les deux pays, aux environs de 400-500 US$. Il en résulte que c’est moins cher de vivre au Chili et en conséquence, que le niveau de vie moyen est plus élevé au Chili qui est économiquement plus stable. J’ai rencontré plus de gens insatisfaits en Argentine qu’au Chili. En Argentine, les gens ont deux à trois boulots pour pouvoir joindre les deux bouts, ils vivent donc pour travailler et prennent moins de temps pour vivre. Si officiellement tous les pays que j’ai visités sont sous le régime de la démocratie, la manière effective de direction du pays est bien différente avec un régime fort et très proche de la dictature au Pérou et en Argentine. Le régime le plus débile est celui de la Bolivie, suivit de près par l’Equateur. Je considère également la démocratie chilienne faible. C’est un peu le contre coup après toutes ces années de dictature. Le problème No. 1 pour toute l’Amérique du Sud c’est l’éducation. Le niveau d’éducation moyen est très bas dans tous les pays. Ça se voit aux compétences octroyées aux employés dans les restaurants, magasins, où un grand nombre d’employés est utilisé avec chacun une fonction bien déterminée, alors que chez nous, une seule et même personne remplirait toutes les fonctions. Il faut bien créer de l’emploi, mais parfois à quelles conditions. Le problème d’éducation est également lié au très bas revenu des enseignants qui, dans tous les pays, est parmi un des plus bas, ce qui a pour conséquence que les professeurs ne sont pas motivés pour en faire plus que juste le nécessaire, et ainsi tirer le niveau d’éducation vers le haut. Sans résoudre son problème d’éducation, l’Amérique du Sud n’arrivera pas à résoudre ses problèmes politiques et ne pourra pas progresser et inquiéter les pays de l’hémisphère nord, malgré toutes les richesses potentielles qu’elle a. Ils sont très nombreux à critiquer les USA, mais copient tout ce qui se fait là-bas. Pour qu’un produit soit bien, il doit venir de l’étranger, ceux indigènes ne valent rien. C’est ce peu de confiance en soit qui me surprend grandement, mais je crois que tout est lié. Bien sûr que la classe élitaire tire très bien, même très très bien son épingle du jeu, car il y a des gens très riches même peut-être plus qu’en Europe. Cette classe, bien sûr, n’est pas intéressée à voir une population pauvre monter l’échelle sociale. Evidement les enfants aisés ont accès au système d’éducation privé, qui existe, mais pour tout ce qui est du domaine de pointe, les étudiants partent terminer leurs études à l’étranger. Ce jugement peut paraître dur, mais je crois qu’il n’est pas très loin de la vérité. Cependant l’Amérique du Sud n’a pas que, et de loin, des aspects négatifs. En effet je n’ai guère rencontré, lors de mes voyages, une population autant aimable et accueillante. Dans tous les pays, les gens sont prêts à aider les touristes, à nous renseigner, bien sûr que parfois on se fait avoir, mais je crois que ça fait partie du jeu. Cependant, il y a une condition pour vraiment entrer en contact avec la population et en profiter au maximum, c’est de parler l’Espagnol car avec l’anglais on ne va pas très loin et surtout on loupe bien des choses. C’est incroyable ce que j’ai appris sur la vie des gens, des pays, seulement parce que je parlais la langue. Cela fut particulièrement le cas au Chili où les gens louent des lits dans leur maison, partageant ainsi la cuisine, les sanitaires, le salon, la TV avec les hôtes. Certains le font par obligation financière, mais d’autres simplement pour chercher le contact avec les étrangers et ainsi pouvoir profiter d’un échange d’idée. C’est également une manière de voyager et de découvrir le monde. La vie en Amérique du Sud est très tranquille et pour ainsi dire sans stress, du moins pour les touristes. C’est un des aspects que j’apprécie le plus, surtout après 7 années passées dans le service après vente. Je pense que je me suis finalement très bien adapté à ce mode de vie et que j’y trouve mon compte. Au point de vue touristique, le continent a beaucoup à offrir, mais pourrait faire encore bien plus. Le potentiel est immense et l’infrastructure d’accueil existe du plus simple au plus luxueux. Voilà ce que je pense pouvoir dire sur ce continent gigantesque et absolument fabuleux. Ce fut un immense plaisir de le découvrir en profondeur, même si j’ai laissé de côté toute la partie ouest avec le mammouth Brésil.

 

Jeudi, 30 janvier 1997
Une journée d’attente principalement et je ferai l’expérience du service au sol plus que déplorable de LanChile. Premièrement l’autre jour à l’office, quand j’ai reconfirmé mon vol, ils ne m’ont pas dit que l’heure du vol était retardée, ce qui fait que je me suis pointé à l’aéroport deux heures trop vite. Deuxièmement il y avait “tant“ de guichets de check-in ouverts, qu’il a fallu faire une queue de plus d’une heure pour entendre dire finalement que c’était trop vite pour faire le check-in. Non pas qu’il ne pouvait pas le faire, mais il n’en avait pas envie car il aurait dû presser quelques boutons sur son ordinateur, si bien que j’ai eu droit à une nouvelle attente pour faire le check-in et refaire la queue, mais bien moins longue cette fois car il y avait moins de trafic en fin d’après-midi. Un service que je qualifie de très médiocre. Heureusement le service dans l’avion était très correct et aimable. A 18h35, comme selon l’horaire, l’avion se met en mouvement pour gagner la piste de décollage. C’est pour moi un moment important, car il marque la fin de mon séjour de 7½ mois en Amérique du Sud et le début de la deuxième phase de mon voyage avec la traversée de l’océan Pacifique. Un vol sans histoire de 5h pour 3740 km nous conduit à la très célèbre île de Pâques, une petite île d’origine volcanique au milieu d’une surface d’eau immense.

 

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(123) Ushuaia est considérée comme la ville la plus au sud du globe.
(124) Pour la première fois, je dois faire une sélection restrictive en raison du temps à disposition, ce qui me donne l’impression de devoir courir.
(125) Détroit de Magellan.
(126) Grande ferme qui s’occupe uniquement d’élevage.
(127) Grande couverture glaciaire qui occupe une grande surface entre l’Argentine et le Chili. C’est le lieu de plusieurs conflits armés entre les deux pays.
(128) Fitz Roy, 3405m est une des plus fameuses montagnes de Patagonie. A la difficulté technique s’ajoute les caprices de la météo qui sont très imprévisibles.
(129) Cerro Torre, 3102m est considéré comme une des plus difficiles montagnes du monde à gravir.
(130) Fut Président d’Argentine de 1946 à 1955. Sa femme Eva Péron-Duarte fut premier ministre. Elle mourut très jeune d’un cancer. Le couple reste aujourd’hui encore une véritable passion pour le peuple argentin; un véritable monument national bien qu’il fut en fait un dictateur. Les Argentins ne supportent guère les critiques les concernant.
(131) Le président Carlos Menem est le résident de la Casa Rodada depuis 1989. C’est lui qui a redressé l’économie du pays après des mesures drastiques, mais aujourd’hui son gouvernement est très critiqué.
(132) Habitants de Buenos Aires.
(133) Un vieux télésiège qui relie Obersdorf au Weissenstein dans le Jura suisse. C’est probablement un des plus vieux de ce style (années 50) encore en fonction en Suisse.
(134) Exposition mondiale de 1988 lors de la célébration du bicentenaire de l’Australie moderne.

 

1st Part - ECUADOR - PERU - BOLIVIA - CHILE