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BOLIVIA

Journal de bord

 

Mardi, 8 octobre 1996
La douane bolivienne (67) travaille avec l’ordinateur, ce qui facilite la paperasse. Pas de formulaire à remplir. En une ½h tout est dit et nous continuons jusqu’à Copacabana où je descends, alors que la majorité continue pour La Paz. Les routes en Bolivie sont moins bonnes qu’au Pérou, on voit la différence de richesse. Copacabana est un petit vil-lage situé dans une magnifique baie au bord du lac Titicaca. Après m’être installé à l’hôtel, je vais dîner car n’ayant pas déjeuné, je sens mon estomac. Après je descends jusqu’au port. Ici l’eau est claire et propre, c’est super à voir. Il y a deux collines, une de chaque côté de la ville. Je commence par monter au Cerro Calvario avec une fois encore un chemin de croix, mais on voit l’influence des croyances indigènes car il y a des traces de feux partout. On a une vue magnifique sur le lac, l’île del Sol et la côte. Au loin on voit même Taquile (68). Les couleurs contrastent fortement entre elles. Ce qui me tente le plus, c’est la colline au sud-est de la ville avec une grande formation rocheuse. Le chemin n’est pas si facile, il faut par moment faire de l’adhérence sur des plaques de rocher. Il y a un observatoire solaire qui fut utilisé par deux civilisations avant les Incas. Mais ces derniers on utilisé le site pour des sacrifices et non plus comme observatoire. Sur place je rencontre un archéologue qui a étudié l’observatoire pendant 8 ans et qui m’explique le fonctionnement et comment ils l’utilisaient. Ce lieu date de 1700 av. J.-C. Du sommet on a également une autre perspective sur la ville et le lac, mais j’ai presque toujours envie de dire la mer car le lac est tellement grand. Demain je vais partir faire une excursion à la Isla del Sol à 20 km de Copacabana.

 

Mercredi, 9 octobre 1996
Soudain en pleine nuit je me réveille en sursaut, car je n’ai pas changé ma montre à l’heure bolivienne qui est 1h en avance par rapport au Pérou. Je me lève donc à 5h30 péruvienne et j’ai bien fait car réellement il y a une heure de différence entre les deux pays. Je dois dire que ça remet les pendules à l’heure solaire. A ma grande surprise le ciel est couvert, même fortement. Je me rends au port vers 7h30 pour constater que le temps n’est pas vraiment favorable à la navigation. Les nuages sombres, noirs, menaçants couvrent le lac, il y a même une tornade qui s’abat sur le lac du côté péruvien et se dirige vers nous. Cela n’annonce rien de bon pour la journée. Le capitaine retarde le départ d’une demi-heure. Il semble que l’orage diminue d’intensité et nous partons en direction de l’Isla del Sol. Le voyage dure 1½h et pendant le trajet, le temps s’améliore et le soleil revient. Nous débarquons sur l’île au sud, au lieu dit “Fuente y Escalera del Inca“. De là, il nous faut monter les escaliers et continuer par un sentier jusqu’au village qui se trouve presque au sommet de la montagne. Il a y quelques pensions et nous choisissons la Casa Blanca. De là, nous avons une vue superbe sur le lac. Malgré l’acclimatation je sens l’altitude, nous sommes à 4000m. Après s’être reposé nous décidons d’aller jusqu’à la pointe nord de l’île (je suis avec un Japonais (69) vivant aux USA). Pour aller nous prenons le chemin des crêtes, bien sûr ça monte et ça descend pour passer d’un sommet à l’autre, mais pas trop fortement. Le soleil tape dur et dans cette partie presque désertique, il fait très chaud mais la légère brise qui souffle est la bienvenue. Le fait d’être sur les crêtes nous donne un coup d’oeil absolument fantastique sur l’île, ses baies et toute la côte. Une fois encore le bleu du lac contraste fortement avec la couleur jaune de l’île. C’est un vrai régal pour les yeux. Il nous faut bien 3h pour gagner les ruines au pied de la dernière montagne. Les ruines ne sont pas si impressionnantes, mais le lieu est plein de symboles et de significations pour la culture Inca. C’est en effet de là que Manco Capac, le fondateur de l’Empire Inca est sortit du lac Titicaca avec sa soeur, du moins selon la légende. Pour le chemin du retour nous décidons de passer par la côte et de visiter les villages de l’île. Il y a 3 communautés. Nous passons par Cha’lla-pampa, Cha’lla, Balúa Pukhara pour finalement regagner le village de Yumani. Ce chemin ne longe pas la côte mais monte et descend pour passer d’une baie à l’autre, et bien sûr les montées sont au soleil. La chaleur et la fatigue aidant, nous peinons fortement dans les montées et les bouteilles d’eau que nous transportons ne sont pas de trop, 6h de promenade. Ce fut une excursion super et formidable. Dans la soirée nous observons avec plaisir les éclairs qui éclatent sur l’autre rive bolivienne du lac, alors que nous sommes sous les étoiles. Le lieu est tranquille et agréable où il fait bon passer un moment. Cette île m’a plu plus qu’Amantani ou Taquile même que l’expérience fut différente. Ici on a moins fait l’expérience de vie des indigènes.

 

Jeudi, 10 octobre 1996
Aujourd’hui il fait beau et il fait bon se prélasser sur la terrasse. L’avantage est que le bateau ne part qu’à 10h30. Une fois toutes les parties administratives terminées, vers les 9h30, je commence les 20 min. de descente jusqu’au port sans me presser. Comme je le pensais on ne part pas à l’heure car le bateau n’est pas trop plein. Vers 11h15 finalement nous partons mais pas pour longtemps car on fait escale aux ruines de Pilco Kaima. Une pause de 20 min. avant de mettre le cap sur Copacabana, mais avec de nombreux “S“. Je suis sûr qu’on a fait 1/3 en plus que le chemin le plus court. A comparer à hier le bateau est plein. Le trajet dure bien 2h avant que l’on arrive en vue du port, alors tout le monde doit rentrer à l’intérieur. Un peu la même histoire qu’à Puno. Je pensais aller jusqu’à Huatajata, mais quand j’ai vu que le prix était presque le même que jusqu’à La Paz et comme on m’a dit que ce n’était pas formidable, je décide de dormir encore une nuit à Copacabana et d’ensuite descendre directement à La Paz. Je suis également allé au lieu dit “Tribunal de l’Inca“ qui est en fait un site religieux et de réunion. Il y a des sièges creusés dans les rochers dont certains font face à Cuzco, d’autres à Tiahuanaco, mais je ne me rappelle pas les autres places. Il faut reconnaître qu’après avoir visité les sites Inca au Pérou, c’est un peu fade. Le bâtiment le plus grand de la ville est la cathédrale avec son couvent. Chose étrange avec toutes les églises (70) que j’ai visité au Pérou, celle-ci est très éclairée car il y a de nombreux vitraux.

 

Vendredi, 11 octobre 1996
Journée de voyage et retour à la civilisation. On quitte Copacabana avec 20 min de retard. A ma grande surprise les sièges sont confortables. Depuis la ville il nous faut monter pour passer l’isthme qui doit nous conduire à Tiquina, où le lac n’a que 600m de largeur. La route entre La Paz et Copacabana est en train d’être refaite et il y a de nombreuses déviations en place. Nous avons même dû attendre plus de 20 min, car une pelle mécanique avait fait un grand tas de terre sur la route empêchant tout passage. Cela a pris du temps pour aplanir et permettre le passage des véhicules. Le passage du lac se fait de manière très spéciale. Toutes les personnes doivent passer dans un petit bateau, alors que le véhicule prend place sur une espèce de barge pour faire la traversée. Il y a de la place que pour un bus à la fois, mais il y a de nombreuses barges. Il n’y a pas de ferry à proprement parler. Le voyage est plaisant et la vue magnifique sur le Lago de Huynaymarka, la partie sud du lac Titicaca. Nous traversons ensuite un grand haut-plateau à env. 4000m d’altitude pour passer près de l’aéroport, et soudain c’est la vue dans le trou où est construit La Paz, une espèce de cañon de 400-500m de profondeur. Toutes les rues de La Paz (71) sont fortement en pente, du moins celles perpendiculaires à l’axe du cañon. La vue sur la ville est superbe. Le terminal des bus se trouve dans le quartier du cimetière. Il n’est pas très facile de trouver un taxi qui accepte de nous conduire au centre-ville pour un prix raisonnable. Ils invoquent les manifestations des paysans, alors que tout me parait calme quand on passe par le centre. Comme j’avais réservé une chambre, il n’y a pas de problème pour trouver un lit. Ma première activité après m’être installé, c’est de préparer mon paquet à envoyer en Suisse au début de la semaine prochaine. Les magasins sont normalement fermés en début d’après-midi et par contre ouvert assez tard le soir. Dans la cuvette de La Paz il fait relativement chaud.

 

Samedi, 12 octobre 1996
Journée tranquille cependant avec beaucoup de marche. Je passe récolter différentes informations sur les vols internes en Bolivie, que je trouve relativement cher contrairement à ce que dit mon guide. Une chose est sûre, je ne vais pas utiliser l’avion en Bolivie, seulement le bus. Même démarche pour l’Argentine, où là certains trajets paraissent intéressants, particulièrement Buenos Aires - Iguazu. Je passe également dans la rue de la musique pour acheter des disques compacts de musique folklorique bolivienne. Une tentative pour voir les objets en étain ou bijoux en argent me laisse perplexe, car presque tout est du kitsch. Finalement je vais voir au ciné, avec des compagnons de voyage, “Twister“ un film typiquement hollywoodien. S’il est bien fait, surtout les effets spéciaux, il me laisse un peu songeur. Dans la soirée la pluie fait son apparition. Il pleut même fortement et les rues en pentes de La Paz se transforment en ruisseaux (72), le passage d’un trottoir à l’autre n’étant pas chose facile si on désire garder les pieds au sec.

 

Dimanche, 13 octobre 1996
On n’est pas pressé de se lever, mais mes deux compagnons de chambre décident d’aller visiter les ruines de Tiahuanaco (73). On ne va pas prendre un tour mais y aller avec le bus local. Les bus partent de la région près du cimetière. Il y a également le marché dans le quartier et c’est agréable de se promener en regardant les échoppes, en attendant le départ du bus. Le temps s’améliore et il n’y a que de rares nuages. Il va faire chaud toute la journée. Après 2h de route nous sommes en vue des ruines. Elles ont malheureusement été malmenées par les Espagnols et il ne reste pas grand chose de ce que devait être ce site religieux gigantesque. Ce qui reste a dû subir de nombreuses restaurations et les parties les plus importantes ont été protégées des vandales avec des barrières. Les panneaux indicateurs défigurent le paysage, car ils sont placés a près de 2 m de hauteur sans aucun goût et sans discrétion. L’architecture des murs qui restent est exceptionnelle avec une alternance de gros blocs de pierre et de plus petites pierres, un assemblage étonnant et intéressant. Malheureusement de nombreuses statues du lieu se trouvent réparties à travers le monde entier dans les musées. Il nous faut plus de 2h pour visiter le site. Après cela nous partons à travers la plaine, un lieu qui fut sous les eaux du lac Titicaca à l’époque (74), pour un petit village où il y a une fiesta. Les indigènes sont parés de leur plus beau costume, mais comme je m’y attendais, ils ont beaucoup trop bu. Nous nous tenons à l’écart car nous ne pouvons simplement pas se planter là et dire “on est là“, mais deux jeunes viennent vers nous et engagent la conversation et finalement nous invitent à boire un verre de bière. Je suis très très surpris qu’ils n’ont pas de chicha (75). Nous retournons à La Paz avec un bus que nous avons pris sur la place du village. Son standing est 2 étoiles de moins qu’à l’aller, mais on finit par arriver dans la capitale.

 

Lundi, 14 octobre 1996
Journée un peu bouche trou. J’ai couru à droite et à gauche sans atteindre de bien grands résultats. J’ai trouvé mon filtre Skylight mais pas UV, l’objectif est resté sans la moindre chance de succès. J’ai quand même obtenu une réponse du dernier magasin que j’ai visité, c’est qu’il n’y a pas de représentant des grandes marques d’appareils photo. Tout se trouve au marché noir en fonction de l’offre, ce qui veut dire que même les professionnels n’ont pas toujours ce qu’ils désirent. A quoi sert par exemple un adaptateur 55 à 58 mm alors que la grandeur 58 mm ne se trouve nulle part, il serait plus judicieux de l’avoir dans l’autre sens. Pour un télé 80-200 il me faudra attendre Santiago, c’est le prochain lieu où j’ai une chance de trouver quelque chose. J’ai eu une réponse un peu plus rapidement en ce qui concerne le bus pour Uyuni, ils m’ont dit qu’il y avait des problèmes avec le bus et que le voyage de demain était annulé. C’est sûr qu’il y a des problèmes mais je crois qu’ils sont avec le personnel, il y avait une réunion dans le bureau de la direction. Donc demain je resterai à la Paz mais je ferai cette fois des visites culturelles de musées et autres. C’est la deuxième fois qu’en Bolivie, ou à cause de la situation en Bolivie, je dois reporter mon voyage d’un jour. Il y avait des manifestations dans les rues aujourd’hui, mais rien de bien terrible. Lucas et Emanuel ont repris l’avion pour la Suisse et deux autres sont arrivés à leur place.

 

Mardi, 15 octobre 1996
Journée plus tranquille et surtout plus fructueuse. Après le déjeuner, je passe à l’Ambassade de Suisse pour voir s’il y a du courrier, mais comme je n’avais pas donné l’adresse, il n’y a rien. On se retrouve vraiment comme en Suisse, même si le service au guichet est en espagnol. Après cela je vais voir le musée Tiahuanaco où il y a une exposition de poterie et autres statues de cette civilisation. On voit également des photos du site avant la restauration. A part les gros monolithes, il ne restait rien debout, ce qui veut dire que tout a été reconstruit à l’exception du temple semi-sousterrain qui lui a dû être dégagé, ce qui l’avait préservé du pillage. J’ai également été voir le musée Semisubterráneo, qui est une réplique très mal faite du temple du même nom, sur le site même. Il se trouve au milieu d’un rond-point et il ne faut pas s’étonner si les statues originales souffrent de la pollution; après avoir vu le site, une visite inutile. Je retourne également au terminal des bus pour acheter un billet pour demain, pour Uyuni, et me renseigner sur les bus pour Arica au Chili. En soirée je vais manger un châteaubriand au restaurant de l’autre soir, un excellent morceau de viande, sans la moindre discussion, le meilleur depuis 4 mois. Après la petite pause de voyage à La Paz, la visite du pays va recommencer, avec comme premier point le sud du pays.

 

Mercredi, 16 octobre 1996
Après avoir préparé mon sac, et ce que je laisse en dépôt, je vais déjeuner. Je vais passer la journée à La Paz, mon bus ne partant que le soir. Comme première chose, je vais visiter le musée d’ethnographie et folklore, un petit musée dans une très belle maison coloniale rénovée. Je pars ensuite changer de l’argent avant d’essayer de trouver un micro bus qui monte à El Alto (76). Il y en a beaucoup, mais il n’est pas évident de trouver le bon. Je souhaite monter au bord du cañon pour prendre des photos de La Paz. La vue depuis cette partie est super avec au fond l’Illimani à 6460 m. Vers 16h00 je prends mon sac pour me rendre à la station de bus. Tout se passe bien et nous partons à l’heure. Heureusement le bus n’est pas plein et ce sera un peu plus agréable pour dormir. La route est bonne jusqu’à Oruro mais de là, le goudron s’arrête et fait place à la tôle ondulée, ce qui nous empêche de dormir car nous sommes secoués comme des pruniers. Il n’y a pas de chauffage et il fait froid sur les hauts plateaux. J’ai été averti et j’ai pris mon sac de couchage. Il sera le bienvenu. La buée gèle sur les vitres. Avec 1h d’avance nous arrivons à Uyuni. Le soleil qui vient de se lever nous réchauffe agréablement.

 

Jeudi, 17 octobre 1996
Il y avait 3 autres gringos (77) dans le bus, et nous espérons tous partir faire un tour dans le sud du pays aujourd’hui même. Il ne faut pas attendre longtemps et les propositions arrivent. Il y a de la place dans deux agences, mais nous optons pour celle où il y a moins de monde, cela coûte un peu plus cher. Comme le temps avance et que l’employée de bureau n’arrive pas à réunir les 6 personnes nécessaires pour partir, on nous dit qu’il faut payer plus ou partir demain. Ni l’une ni l’autre des solutions, nous donne satisfaction, on nous avait promis que la jeep partirait même s’il n’y avait que 4 personnes. Les discussions commencent et durent, chacun campant sur ses positions, mais nous sommes 4 et faisons bloc. A la fin on nous promet de partir de toute façon, et nous acceptons de payer 5 US$ en plus à la fin du tour si nous sommes content du service. Cette dernière proposition nous semble correcte. On se rend vite compte que le voyage en jeep, à 6 ou 7 personnes, ne serait pas très agréable; à 4 c’est idéal. Ce tour de 4 jours va nous faire visiter le sud inconnu du pays. Finalement nous voilà partis. Quelques kilomètres en direction du nord jusqu’à Colchani où nous entrons dans le Salar de Uyuni, un lac salé de 11’000 km2. C’est une vraie mer blanche. Il y a environ 10’000 ans, il y avait un lac à cet endroit. Aujourd’hui l’eau est en sous-sol. Quand elle remonte à la surface, elle s’évapore et laisse le sel. Celui-ci est exploité de manière industrielle mais avec des méthodes primitives. Il a même été construit 2 hôtels entièrement avec des blocs de sel. Je me demande ce qui se passe lorsqu’il pleut. Il n’est pas si facile de se frayer un chemin pour entrer sur le lac salé, mais une fois dedans, on peut rouler à toute vitesse à plus de 100 km/h aussi tranquillement que sur une autoroute d’Europe. Si quelqu’un n’a jamais vu de mirages, ici il est servi. Tout l’horizon paraît être un lac d’eau, et les sommets des collines qui apparaissent sont premièrement des îles. Après 70 km sur le lac nous arrivons à la Isla de Pescadores, une île au milieu de cette immensité blanche très lumineuse comme de la neige. Sur l’île il y a une vraie forêt de cactus dont certains mesurent 7 m de haut. C’est vraiment étonnant et la vue, du sommet de l’île, est simplement incroyable. Après le dîner, notre voyage continue en direction du sud pour revenir sur “terre ferme“. Nous passons un poste de contrôle militaire (78) où il ne doit pas faire bon vivre, ils mangent du sable 24h/jour. Finalement, en fin d’après midi nous arrivons au village de San Juan. Un village qui ressemble a ce que l’on peut voir dans les Western se déroulant du côté du Mexique. Ce fut une journée incroyable et les mots me manquent pour exprimer l’immensité et la beauté du paysage.

 

Vendredi, 18 octobre 1996
Il fait toujours grand beau et notre tour se poursuit. Nous continuons vers le sud et nous nous approchons de la frontière chilienne que nous allons longer tout le jour. Nous passons un autre Salar (79), mais un peu plus petit quand même, et passons la ligne de chemin de fer à Chiguana. Nous avons en face de nous le volcan Ollagúe qui est actif, nous voyons des fumerolles s’échapper de ses flancs. Terminé pour les salars, maintenant place aux lagunas. Toute la région est volcanique et active ce qui provoque de nombreux phénomènes géothermiques. Entre autre, les lagunas sont pleines de minéraux et l’eau n’est pas potable mais fait par contre le régal des flamants roses. Il y en a beaucoup et même bien plus qu’aux Galapagos. A la première laguna, la Laguna Cañapa, l’eau est bleue foncée et c’est de là que nous verrons ces volatiles de plus près. Nous passons ensuite par les lagunas Hedionda aux eaux bleu très clair, Chiarcota, Honda et Ramadita. Nous montons régulièrement et nous passons un col, le Paso del Inca à 4300 m. Le passage du col marque également le début du désert de Siloli. Jusqu’à maintenant tout était désertique mais il y avait toujours des touffes d’herbes sèches, alors qu’ici il n’y a plus que sable et pierres. Même si on est en plein désert, le paysage, les couleurs, tout est absolument magnifique, extraordinaire, super. Même un paysage désertique peut être très très beau. Ce désert en légère descente nous conduit à une dernière laguna pour aujourd’hui. C’est la laguna Colorada. L’eau est rouge due à une algue rouge qui pousse et se nourrit des minéraux contenu dans l’eau. A certain endroit l’eau est bleue, mais le lac n’est jamais très profond, au maxi de la hauteur des pattes des flamants (80). Il y a également des bancs de sel plus ou moins secs. Il faut se méfier de ne pas trop enfoncer. Ces couleurs différentes et peu courantes pour de l’eau, mélangées avec les très grandes colonies de flamants roses, avec en fond les montagnes et un volcan au cône parfait, en font un lieu exceptionnel. Nous ne nous lassons pas de contempler ce spectacle malgré le vent violent qui nous gèle. On essaie de s’avancer le plus loin possible sur les bancs de sel pour prendre en photo les flamants, mais malgré un télé de 200, on reste trop loin. Ils partent dès qu’on s’approche un peu trop. Ils s’envolent pour se reposer un peu plus loin et garder la distance, cependant ce vol est super. Sur ce haut plateau à la fin de l’Altiplano il va faire froid. Au mois de juillet et août la température peut descendre jusqu’à -30°C, c’est l’hiver ici, par contre il pleut les mois de décembre, janvier et février. Je vais m’arrêter d’écrire car j’ai les mains gelées.

 

Samedi, 19 octobre 1996
A 5h00 notre guide entre dans la chambre en disant qu’il s’est oublié. En 20 min. nous sommes prêts au départ. Il fait froid environ -10°C et nous nous enfilons rapidement dans la jeep. Nous nous mettons en route et montons relativement fortement pour atteindre le point le plus haut du tour, à presque 5000 m, où se trouve une fabrique d’acide borique. Les mines sont plus bas dans le salar, mais ils utilisent les forces de la nature du volcan pour travailler la matière. De là, nous redescendons un peu pour aller visiter un lieu où il y a un geyser et de nombreux pools de boue et eaux bouillantes. La vapeur n’est visible que très tôt le matin et dans la journée lorsque la température augmente, la vapeur n’est pas trop visible. En fait ce n’est pas vraiment un geyser car il ne sort pas d’eau chaude, mais uniquement un jet de vapeur à grande pression, le bruit est impressionnant. Nous retraversons une partie plus désertique tout en descendant sur un nouveau salar. Cette partie se nomme Sol de la Mañana. Nous redescendons à 4200 m env. au bord du salar où cette fois il y a une laguna avec en bordure des sources d’eaux chaudes dans lesquelles on peut se baigner. L’eau a environ 25-30°C. Le contraste est surprenant avec ces eaux fumantes alors que la surface de la laguna est encore gelée, mais le soleil réchauffe l’air rapidement. C’est à cet endroit que nous déjeunons. Nous sommes au bord du salar de Chalviri. De là, nous remontons lentement dans des étendues de sable où nous ne pouvons pas rouler trop vite car les roues patineraient facilement, et finalement nous plongeons sur la dernière laguna, la Laguna Verde. Elle n’a sa couleur que quand le vent agite ses eaux et que les particules de cuivre s’agitent. Cette laguna est au pied du Volcan Llicancabur à 5930m. Il fait la frontière avec le Chili qui est à quelques kilomètres seulement. Il est possible de passer d’ici à San Pedro de Atacama en 1h de jeep. Nous sommes au point le plus au sud de la Bolivie. C’est également le point où nous faisons demi-tour pour revenir sur Uyuni. Cependant notre guide essaye d’utiliser d’autres chemins pour ne pas faire deux fois le même trajet. De la laguna Colorada nous prenons définitivement une autre route, premièrement par un chemin très mauvais pour terminer en descendant dans la Valle de Rojas où il y a de nombreuses formations rocheuses étranges, particulières, très intéressantes. Il y a également, à un endroit, des peintures rupestres, mais je doute fortement qu’elles soient vraiment vieille, même le guide n’arrive pas à me convaincre. Dans un village de la vallée nous visitons une chullpa, en fait une tombe à l’air libre où nous voyons quelques crânes blanchis mais avec quelques cheveux, et particulièrement un pied avec la chaussure de cuir encore attachée. Le climat sec et la protection due aux rochers ont permis de conserver ces os. Nous terminons cette longue journée dans le village d’Alota.

 

Dimanche, 20 octobre 1996
Dernière journée consacrée à la rentrée sur Uyuni. Nous n’utilisons pas le chemin habituel des autres agences, mais passons par une montagne où il y a quelques villages pastoraux où nous rencontrons beaucoup de lamas. Nous avons souhaité revenir par le Salar de Uyuni que nous traversons à une vitesse moyenne de 80 km/h, nous permettant d’admirer les formations de sel et particulièrement les formations hexagonales recouvrant toute la surface du salar. Vers 15h30 nous sommes de retour en ville où nous allons passer la nuit avant d’aller à Potosi. Notre différent avec l’agence se règle à l’amiable avec l’acceptation de la proposition de la patronne, et nous payons les US$ 5 sans discuter car le tour fut fantastique, le guide Xavier et la cuisinière Paty se sont vraiment donnés de la peine. Je pense que le Salar de Uyuni est le plus beau coin de Bolivie et s’il fallait choisir qu’un seul lieu, ce serait celui-là. Ma supposition est confirmée par les deux Espagnols du groupe qui eux ont déjà visité une grande partie de la Bolivie. Dès demain je vais lentement retourner sur la Paz en faisant une boucle.

 

Lundi, 21 octobre 1996
On ne se lève pas trop vite, on a le temps. L’eau est revenue sur le coup des 7h00 après avoir été coupée depuis 17h00 la veille. Notre bus part à l’heure. La route monte et descend sans arrêt. Le paysage est relativement aride avec des buissons; de temps à autre un fond d’une vallée, de beaux arbres verts poussent et donnent une note toute différente au paysage. Durant tout le voyage, le paysage est fantastique, malheureusement dans les descentes la peur nous tient un peu. Le chauffeur conduit très vite et à mon avis mal, on ne se sent pas en sécurité. Après 5h30 de route nous voilà à Potosi (81) à 4070 m. Ce fut jadis la plus grande ville des Amériques et une cité très riche, car il y avait de nombreuses mines d’argent au Cerro Rico (82). Les citoyens de cette ville devraient avoir grandement honte de présenter une telle entrée dans leur ville. En effet la route longe le rio dont l’eau est grise, et tout le lit de la rivière un vrai dépotoir, c’est dégueulasse; à vrai dire la pire scène que j’aie vu en Amérique du Sud jusqu’à maintenant. Nous allons visiter le couvent et musée de Santa Teresa. Il a été entièrement rénové et tout est très bien présenté. On peut se faire une idée de ce que fut la vie de ces nonnes de l’ordre des Carmélites, mais elles sont moins que 10 aujourd’hui. Pour moi c’est un ordre basé premièrement sur l’argent et seulement après la foi. Les filles pour entrer devaient payer une dote très élevée. Nous avons également réservé un tour pour les mines, en fait la raison de notre venue à Potosi.

 

Mardi, 22 octobre 1996
Avant de partir pour notre tour nous allons déjeuner, le service est sympa mais lent ce qui fait que nous arrivons à l’agence à 8h50. Il ne nous faut pas attendre longtemps avant que le guide vienne nous chercher. Première surprise, c’est un bien grand bus qui nous attend pour 6 personnes, mais nous voyons de nombreuses têtes à travers les vitres. En fin de compte nous sommes 12 et il y a un guide. C’est plutôt mal parti car à l’agence on nous avait promis 2 guides pour 6 personnes! Nous montons en direction du Cerro Rico et des mines et faisons halte devant un des magasins qui vendent des articles pour les mineurs. Le guide nous explique les différents accessoires et leur utilité, mais en fait il y en a bien peu. Une pelle, un pic, un casque, une lampe à acétylène, des bottes, des cigarettes, des feuilles de coca, des pierres de calcaire, un catalyseur pour la coca, ainsi que de la dynamite et rien d’autre. Le guide nous recommande d’acheter quelques articles pour en faire cadeau aux mineurs en précisant que la contribution est facultative mais vivement recommandée, pour ne pas dire obligatoire. Nous montons jusqu’à l’entrée de la mine où nous nous équipons avec casque, imperméable et bottes ainsi qu’une lampe pour deux. Après les dernières recommandations nous entrons dans le tunnel de la première galerie. C’est l’entrée originale qui date du temps des premières exploitations. La voûte est basse et étayée par une construction en pierre. C’est l’œuvre des esclaves noirs. De temps à autre il faut se mettre de côté car un wagon chargé de minerai passe, tiré et poussé par 4 personnes, il pèse jusqu’à 2 tonnes. Les conditions de travail sont primitives et ne changent guère du temps colonial. Les mineurs travaillent entre 10 et 15 ans, avant de passer dans l’autre monde dû à la maladie. Il n’y a guère de mineurs de plus de 40 ans, la majorité, meurent entre 30 et 35 ans. Les conditions de travail sont pénibles et les moyens techniques à disposition dérisoires. Presque tout se fait à la main. 20 personnes peuvent transporter jusqu’à 16 tonnes de minerai à la surface en le portant dans de petits sacs à dos, 40-50 kg à chaque voyage. De plus avant de prendre le travail, ils mâchent des feuilles de coca (83) et renouvellent l’opération toutes les heures, ils pensent que ça sert de “filtre“ contre les gaz dangereux. Ils fument également des cigarettes très très fortes sans filtre et boivent de l’alcool à 96°, un vrai tord boyaux. Non seulement ils se tuent au travail mais ingurgitent des poisons à longueur de journée. Je pense que sans cela ils ne supporteraient pas les conditions de travail. Au fond de la mine, ils sont plus des bêtes que des humains. Dans les galeries il fait jusqu’à 40°C et l’air est chargé de poussières, on le sent très bien quand on respire, d’ailleurs presque tout le monde tousse souvent. Quand on leur offre une bouteille d’eau, ils se ruent dessus comme des animaux, chacun voulant boire le plus possible. C’est compréhensible mais montre à quel état ils en sont réduits. A environ 50 m sous terre, dans une niche, nous rencontrons le diable. Les mineurs le nomment “Tio“ pour ne pas prononcer son nom, et lui vouent un culte régulier tous les vendredis. Nous ne verrons malheureusement pas les mineurs au front, ça serait bien trop dangereux pour nous de descendre jusque dans les veines. Nous ressortons à l’air libre après 2½h passé sous terre. Il grêle et un orage couvre toute la région. Notre guide fait encore exploser les deux bâtons de dynamite que nous avions acheté; “cadeau pour les mineurs“ qu’il avait dit. Une fois encore la publicité des agences est mensongère, car on voit partout des photos de mineurs tout au fond de la mine, un endroit où les touristes ne vont jamais pour des raisons de sécurité. Je n’apprécie pas du tout ces manières de procéder. Je pensais en voir plus, mais la visite fut intéressante et valait la peine, il faut simplement ne pas en attendre trop. De retour en ville, nous allons visiter le musée “Casa de la Moneda“ où pendant des siècles la monnaie d’Espagne fut frappée. Le bâtiment est immense et a été entièrement rénové. La technique utilisée est bien présentée. Comble du tout, aujourd’hui la monnaie de Bolivie est frappée en Espagne, à Madrid. Ainsi se termine cette visite à Potosi qui fut une fois très riche, mais qui compte également des milliers de morts dans les mines au cours des siècles. Demain on va passer à Sucre, la capitale officielle du pays.

 

Mercredi, 23 octobre 1996
Pour en revenir à hier, le salaire pour un jeune mineur 13-15 ans est de 2 US$ / jour, pour un mineur expérimenté env. 8 US$ / jour. Ce sont des salaires très bas, mais avec le prix du minerai sur le marché mondial il n’est pas possible de payer de meilleurs salaires ou d’investir dans l’équipement et la sécurité. Nous nous levons très vite ce matin, car nous devons être à 6h30 au terminal des bus et il est bien à 1 km du centre, mais c’est 1 km à la descente. Nous partons à l’heure mais au poste de contrôle, le chauffeur remarque qu’un pneu est crevé et il faut le changer. Encore une fois durant ce trajet nous allons faire l’expérience du manque de maturité des chauffeurs boliviens et d’Amérique du Sud en général. La route est goudronnée, mais bien des fois on aura des sueurs froides dues à la manière de conduire du chauffeur. Après 3½h de route nous arrivons à Sucre (84), la capitale officielle du pays. Le paysage, durant le voyage, a beaucoup changé et maintenant ça ressemble plus au sud de la France où à certaines parties d’Espagne. Nous sommes descendus car la ville est à 2790 m. Ici les gens vivent, rient, sont plus ouverts qu’à Potosi p.ex. Je pense que c’est dû au climat qui est très agréable ici. Toutes les maisons sont peintes en blanc et il y a de nombreux bâtiments coloniaux. Le terminal des bus est très loin du centre. Nous partons à la découverte de la ville et grimpons à l’une des extrémités, pour premièrement avoir une vue plongeante sur la ville et deuxièmement visiter le couvent franciscain. La ville compte également 17 églises. La présence religieuse (85) est très forte dans cette partie sud-est du pays. L’ambiance est très agréable et il semble faire bon vivre ici. Il y a beaucoup moins d’indigènes et beaucoup de visages du type européen. Le couvent est en grande partie un musée, mais ce qui m’intéresse le plus, c’est l’architecture du lieu. Il compte 4 patios avec chacun un cloître. Il y a encore 14 pères et novices, ce qui prouve une fois encore le déclin de ce genre d’institution, et pas seulement en Europe. Nous visitons également la Casa de la Libertad, un lieu important pour le pays car c’est ici qu’à été signé l’acte d’indépendance en 1825. Le général Sucre, qui a donné son nom à la ville, en fut le premier président. Avant la ville s’appelait La Plata en raison de sa richesse.

 

Jeudi, 24 octobre 1996
Nous commençons par aller acheter nos billets pour le bus de ce soir. Le terminal des bus est assez loin du centre-ville. Nous allons faire un tour au cimetière, un lieu tranquille avec de nombreux tombeaux de famille, et les tombes de présidents et personnes célèbres du pays. Nous y rencontrons également de nombreux étudiants qui profitent du calme pour apprendre. Nous passons également voir la cour intérieure de l’université qui est très belle avec ses arcades sur 2 étages, mais les salles manquent de pep pour une université. Il y a également des appels à une manifestation, cet après-midi, d’un mouvement trotskiste (86). En voilà qui ont quelques trains de retard. Cette manifestation nous obligera à utiliser plus d’une demi-heure pour se rendre au terminal des bus, car ça sera un peu le cahot pour le trafic en ville. Comme il fait beau nous allons passer un bon moment dans le parc Bolivar. En fin d’après-midi nous passons prendre nos sacs à l’hôtel et nous nous rendons au terminal terrestre. A l’enregistrement des bagages et à l’entrée dans le bus, nous aurons une démonstration flagrante de la limite de pensée des Boliviens, car ils ne peuvent même pas utiliser l’infrastructure existante qui elle est pensée. Nous partirons avec une ½h de retard, pas à cause des passagers, mais bien à cause de la mauvaise organisation de la compagnie. Une fois encore on s’est fait avoir. Au bureau, ils utilisent un plan du bus avec au maxi 44 places, mais en réalité ils utilisent des bus de 50 places, ce qui fait qu’il n’y a pas beaucoup de place pour les jambes et lorsqu’il y a 15h de bus à faire, ça a son importance. De Sucre nous descendons dramatiquement jusqu’au fond d’une vallée. La route est impressionnante et non sans danger. En raison du terrain elle doit faire de nombreux détours et après 1h de route la ville de Sucre est toujours visible au loin. Une fois au bord de la rivière, nous longeons la vallée par une route en très mauvais état. Une vrai honte pour ce pays que sa capitale officielle soit reliée au reste du pays par un réseau routier en si pauvre état. Malgré les secousses incessantes, je parviens à dormir un peu. La route s’améliorera une fois que nous aurons atteint la route Cochabamba-Santa Cruz, mais le voyage reste encore long. Heureusement il fait chaud, même presque trop et les fenêtres ne s’ouvrent pas, ou pas bien, et l’air frais manque.

 

Vendredi, 25 octobre 1996
Lorsque le jour revient, le paysage a changé énormément. Les nuages sont bas et il pleut, il y a une végétation abondante. Nous sommes sur le flanc Est des Andes en bordure du bassin amazonien. Sur la route sinueuse goudronnée, le voyage se passe bien jusqu’à 30 km de la ville. Là le bus s’arrête derrière un autre, il y a beaucoup d’autres véhicules arrêtés. On nous dit qu’un bus est planté dans un passage, mais la réalité sera tout autre. La route est coupée car le pont qui enjambe la rivière gît au fond du lit du cours d’eau. Il y a bien un autre passage mais avec les hautes eaux dues aux pluies, il est impossible de passer. Et voilà un autre exemple du laxisme bolivien. Nous apprenons que le pont c’est effondré dimanche passé mais absolument rien n’a été fait, pourquoi? Il y a donc le passage à gué! Mais voilà aujourd’hui les eaux sont en crue et tout le monde est coincé. Pas la moindre trace de la police ou de l’armée. Finalement une échelle de fortune est posée au bord des restes du pont, ce qui offre une possibilité de traverser mais reste un acte très dangereux dans ces eaux tumultueuses. Le premier passage est très applaudi. Bientôt vient un groupe d’indigènes avec deux échelles solides et grandes qui elles vont permettre un passage plus aisé de la rivière. C’est ainsi que des centaines de personnes vont traverser la rivière. Une fois que tout est installé, la police arrive et à la fin les forces armées (87), enfin la PM et sans aucun équipement spécial. Heureusement qu’il y a l’initiative des civils, sinon on serait encore sur l’autre rive. Une chose est sûre, pas un bus et pas un camion ne passera aujourd’hui, car les pluies ne s’arrêtent pas. Nous gagnons la ville en taxi (88). La première impression que j’ai de la ville est qu’il y a une richesse très grande (89), le centre de la ville est européen et surtout chose particulière très propre pour l’Amérique du Sud. Tout le centre ville est bordé d’arcades et on peut se promener tranquillement malgré la pluie. Bien que ce n’était pas prévu, je me retrouve à nouveau en bordure de la jungle amazonienne. C’est très bien de faire cette incursion pour voir la diversité du pays.

 

Samedi, 26 octobre 1996
Ma réserve d’habits propres s’épuise lentement si bien que je décide de faire laver mes habits sales. Pas de problème, service rapide et impeccable à l’adresse indiquée dans mon guide. Cette première tâche accomplie, je vais déjeuner et une fois le ventre plein je pars pour le nord de la ville visiter le zoo. Même si les cages ne sont pas toujours très grandes, ça va plus ou moins. D’après mon guide c’est un des rares zoos qui méritent une visite en Amérique du Sud. Les animaux sont uniquement du continent et j’ai l’occasion de voir certains animaux que je n’avais pas vu dans la jungle, ou de les voir de plus près. Ce qui me fascine particulièrement ce sont les perroquets aux couleurs vives et magnifiques, de même que les toucans qui, avec leur grand bec, sont absolument uniques de beauté. Je comprends très bien l’attrait qu’ils exercent sur les indigènes de la forêt, il en va de même pour moi. Il y a également toute une série de félins: jaguar, cougar et autres qui sont très difficilement visibles en pleine jungle. Je rentre en ville pour flâner dans les rues du centre, mais c’est presque mort en ce début de samedi après-midi. Je vais chez le coiffeur, ça devenait indispensable après 4½ mois et comme il fait chaud dans la jungle, c’est plus pratique. Notre histoire d’hier est dans tous les journaux et même à la télévision, je vais faire un croquis de la manière de passer à la fin de ce jour. En fin d’après-midi je prends congé d’Arnaldo et Salvator qui rentrent en Espagne demain. Nous avons voyagé ensemble pour 10 jours. Demain je vais aller à Concepcion (90), en pleine jungle bolivienne, avant de remonter à La Paz.

 

Dimanche, 27 octobre 1996
Pour où me suis-je embraqué? Où ai-je atterri? C’est une journée de grand changement. De Santa Cruz, j’ai passé dans les bas pays de l’Est en pleine Amazonie. Mais la région de Concepcion a une grande activité agricole et la forêt a été défrichée par le feu, il y a par-ci, par-là, de très belles haciendas. Il y a surtout du bétail. Dans les plaines au sortir de Santa Cruz, il y a les terrains cultivables à perte de vue. Le terrain, premièrement très plat, devient vallonné une fois que nous avons quitté la route pour Trinidad. Le goudron s’arrête lui aussi et le voyage très tranquille jusque là se transforme en une partie plus rude, puis la route passe au chemin et pour finir en piste. Ce doit être particulièrement délicat lorsqu’il pleut. Cette région, qui n’avait pas été explorée par les Européens, fut utilisée par les Jésuites au tournant des années 1600-1700 pour y établir des missions à partir de leur base au Paraguay (91). Il y a de nombreuses missions dans les villages du pays, de la région, et elles ont toutes été restaurées. Il faut dire que celle de Concepcion est une véritable œuvre d’art, construite presque entièrement en bois. Les piliers qui supportent la toiture sont d’une seule pièce et ont nécessité de gros troncs pour les sculpter. C’est probablement une des constructions jésuites la plus importante du pays. Ces constructions sont belles et impressionnantes, mais je ne suis pas assez fanatique d’église pour utiliser des jours à les visiter. Par contre, la visite et le voyage dans la région m’ont fait voir une partie du centre de l’Amérique du Sud que je n’avais pas encore vu. Ce matin nous avons également vu les effets de l’alcool et la tendance inconsidérée à boire des gens d’ici. Alors que la route était en parfait état, nous avons vu un camion et une voiture dans le fossé. L’histoire pour le chauffeur de la voiture s’est terminée sous une couverture. Le problème de la conduite en état d’ébriété est encore bien plus fort que chez nous, particulièrement le week-end. Dès demain, je vais retourner lentement en direction de La Paz avant de passer au Chili. Cette partie dans le bas pays bolivien m’a réservé de bonnes surprises surtout complètement inattendues. Heureusement que j’y suis venu, je ne le regrette pas.

 

Lundi, 28 octobre 1996
Comme il n’y a pas encore trop de places occupées dans le bus de 8h00, je réserve une place. Il fait grand beau. Cela promet une chaude journée. Comme nous sommes lundi, le bus est plein à craquer avec des travailleurs qui vont au boulot dans les haciendas. Il y a des adultes, mais aussi des enfants et je suis sûr que celui qui était à côté de moi n’avait pas 10 ans. Comme le bus est très chargé, notre chauffeur ne peut pas rouler très vite (c’est probablement le chauffeur le plus prudent d’Amérique du Sud que j’ai rencontré jusqu’ici). Il y a donc peu d’air qui circule et avec tout ce monde, ça chauffe. Il nous faut presque 2½h jusqu’à San Xavier, le prochain village où la prochaine vague de passagers entre dans le bus. Heureusement qu’une heure plus tard la route goudronnée commence, il pourra aller plus vite et ça améliorera les choses. Il fait vraiment chaud et on fond littéralement. Le goudron lui est bien liquide par endroit. C’est une très chaude journée et les marchands de boisons et glaces font une super recette. Il nous faut 7h, soit une de plus qu’à l’aller pour retourner à Santa Cruz. La vague de chaud influence la vie des citadins, et les terrasses sont pleines. Une bière bien fraîche fait toujours du bien. J’achète mon billet pour Cochabamba qui a augmenté de 33% en deux jours! Nous sommes en période de vacances, c’est du moins l’explication que j’obtiens, mais je pense qu’il y a d’autres raisons à cela. L’histoire du pont n’y est probablement pas étrangère. Comme il fait si chaud, je n’ai guère envie d’aller visiter la ville. J’ai plus envie de flâner sur les terrasses derrière un rafraîchissement, ce que je faits également. Demain je vais remonter un peu la colline, en effet Cochabamba est à 2570m d’altitude.

 

Mardi, 29 octobre 1996
A nouveau un lever relativement tôt pour préparer mon sac et me rendre au terminal des bus, une certaine distance mais pas si terrible car c’est à plat. Au terminal il y a un grand trafic, car de nombreux bus partent vers les 8-8h30. C’est également le cas de mon bus. Cela provoque des bouchons dans les fosses où il y a les bureaux pour faire enregistrer ses bagages. La conception du terminal de Santa Cruz est nulle et l’infrastructure des bâtiments n’est plus utilisée par personne, à l’exception des vendeurs de rue. Une infrastructure qui ne correspond pas à l’image de la ville. Il nous faut un temps fou pour sortir de la ville à cause du trafic. C’est de loin le meilleur bus que j’aie eu en Bolivie, avec assez de place pour les jambes, c’est un bus Mercedes. Nous fûmes les derniers à partir mais la conduite régulière, rapide et sûre de notre chauffeur fait que nous dépassons un à un tous les bus partis parfois même ½h avant nous. Moi qui m’attendais à une journée de montée, je suis fort surpris car nous roulons dans le bas pays pendant plus de 5½h. Seulement pour les 3 dernières heures, la route monte pour passer un col et redescendre dans la vallée de Cochabamba. Il fait très chaud dans le bas pays et toutes les fenêtres du bus sont ouvertes pour donner des courants d’air. Avec la montée en altitude, il fait plus frais mais la température à Cochabamba est très très agréable, pas trop chaude, ni trop froide. A deux reprises nous devons sortir du bus pour une fouille à la recherche de cocaïne, mais ce n’est pas très sérieux car les soutes du bus ne sont pas ouvertes! C’est le pays de la coca et je pense que le gouvernement a simplement installé ces postes de contrôle pour que les USA ne puissent pas dire “tu ne fais rien“. Il n’y a même pas de chien. Sur la route à l’entrée de chaque localité, il y a des péages et je trouve que ce fut similaire à ce qu’on a connu chez nous voici quelques siècles, où chaque canton avait sa douane. Je trouvais que le bus descendait très lentement du col, mais j’ai compris car nous avons vu le bus d’une autre compagnie dans les décors. Sécurité vaut mieux que rapidité. Comme il y a peu de touristes à l’heure actuelle, pas de problème à trouver un hôtel. On peut se promener en ville le soir, en T-shirt, sans avoir froid, vraiment un climat agréable.

 

Mercredi, 30 octobre 1996
Journée tranquille où j’ai fait certaines tâches administratives telle que lessive, téléphones et je me suis promené dans la ville. La visite au musée archéologique ne valait pas trop la peine, car j’ai déjà vu bien des choses similaires dans d’autres lieux. La collection de momies est grande à comparer à d’autres musées que j’ai déjà visité. Demain je vais visiter la ville un peu plus en détail et c’est chose décidée, je vais rentrer à La Paz vendredi. Mon séjour en Bolivie tire lentement à sa fin, moi qui ne pensais que passer rapidement, j’ai eu du plaisir à y séjourner. C’est un pays à découvrir.

 

Jeudi, 31 octobre 1996
Cochabamba (92), avec sa température agréable, est un vrai bain de jouvence après tous ces jours de voyage. J’en profite pleinement mais sans pour autant ne rien faire. Je ne regarde pas trop à la dépense, mais dès la semaine prochaine il en sera autrement, car avec la vie chère au Chili, il faudra compter juste et toujours faire attention. J’ai fait quelques kilomètres jusque dans les quartiers nord pour trouver le consulat du Chili, mais en vain, il n’est plus à l’adresse indiquée et finalement j’ai renoncé. J’ai eu l’occasion d’admirer le fameux Rio Rocha dont la couleur est verte comme l’herbe qui pousse dans son lit. La situation est sûrement encore pire avec le manque de précipitations, mais qui soulève le cœur avec son odeur pestilentielle. Une autre chose qui me dérange, c’est qu’ils nettoient les trottoirs à grand jet d’eau alors qu’elle est rationnée, une mentalité vraiment étrange et une politique incompréhensible des autorités locales. Je suis ensuite allé sur la colline San Sebastian qui domine la ville au sud, en dessus du terminal des bus. De là, on a une superbe vue sur la ville et la région, mais je n’y trouve rien de vraiment spécial. Ce qui me dérange particulièrement c’est la statue du Christ-Roi sur une autre butte. C’est la copie de celle de Rio de Janeiro, ce qui n’est pas très original, une simple copie et pas capable de créer quelque chose par soi-même. Demain retour sur La Paz.

 

Vendredi, 1er novembre 1996
Il fait frais ce matin, mais pas trop. Pas de problème on part avec 10 min de retard, mais une fois encore il faut presque 1h pour sortir de la ville, pas à cause du trafic mais de je ne sais quelle lenteur du chauffeur. Il faut peut-être chauffer le moteur. Une fois que ça roule, le rythme est régulier avec de temps à autre une baisse de régime, mais lorsqu’il se fait dépasser par un bus de la concurrence, la vitesse augmente à nouveau. La conduite est sûre et presque sans risque. Très rapidement, nous quittons la plaine pour attaquer la longue montée en direction de l’Altiplano. Nous montons à plus de 4300 m, la route fait de nombreux détours pour passer au fond des cañons et vallées, un peu comme nos routes alpestres avant la modernisation. La route est goudronnée tout le long jusqu’à La Paz. Toute la montée nous offre un panorama fantastique et impressionnant. Une fois le col passé, nous redescendons légèrement pour rejoindre l’Altiplano à env. 4100m et celui-ci va nous conduire à El Alto, la ville nouvelle qui domine La Paz. Ici les montagnes sont dans les nuages et il fait plus froid. Je suis de retour en altitude. Je vais passer quelques jours ici avant d’aller au Chili. Ainsi va se terminer une première page importante de mon voyage, car je vais quitter ce qui s’appelle les pays andinos et regagner la côte du Pacifique. Il y aura probablement encore quelques incursions en altitude du côté de San Pedro de Atacama, mais de manière générale, je ne vais plus remonter en dessus de 3500m pour tout le reste de mon voyage. C’est entre autre pourquoi une page se tournera avec mon passage au Chili. Ces prochains jours je vais faire quelques remarques et commentaires sur les 3 premiers pays visités. Il y a des différences notoires.

 

Samedi, 2 novembre 1996
C’est la Toussaint ici en Bolivie et tout ce que j’avais prévu sera remis à demain où à lundi, pas d’autre solution. Il semblerait que les cérémonies au cimetière soient particulièrement intéressantes, mais ça ne me tente pas trop. Je préfère passer la journée à me reposer, et je vais également pour la 3e fois au cinéma en Bolivie.

 

Dimanche, 3 novembre 1996
Journée de répétition, mais avec un peu plus d’activités, car il y a plus de magasins ouvert qu’hier. J’achète également mon billet de bus pour Arica, c’est donc maintenant définitif, mardi je vais passer au Chili. J’aimerais maintenant faire une comparaison entre les trois différents pays, pas une liste exhaustive mais quelques points qui me paraissent importants.

Au point de vue politique, le seul pays qui ressemble à une démocratie est l’Equateur. Le Pérou, sous le couvert d’une démocratie, a en fait un président dictatorial. Quant à la Bolivie, le président actuel n’est qu’un pantin du parti qui à la majorité au parlement, mais qui a à sa tête un ancien président aux tendances dictatoriales. Il est évident que chaque politicien tire la couverture à soi, le plus possible. C’est particulièrement le cas en Bolivie, où l’intérêt des politiciens pour le pays est bien maigre, l’unique préoccupation des parlementaires étant de s’augmenter le salaire à environ 90x le salaire d’un travailleur moyen, ce qui évidement provoque des manifestations. En Equateur ce n’est guère mieux, les antécédents dans sa famille (93) sont célèbres et sa politique est un peu inconsistante, en disant un jour blanc et l’autre noir. Ceci se répercute sur la motivation des populations en leur avenir. Bien que Fujimori ait un régime très fort, pour ne pas utiliser le mot dictature, j’ai rencontré une forte motivation civique dans toutes les couches de la population, des plus riches au plus pauvres. Son gouvernement a entrepris certaines actions dans les régions rurales, en apportant l’eau et l’électricité, ce qui lui vaut un grand soutien populaire. Beaucoup de Péruviens souhaitent qu’il puisse faire un 3e mandat, même si pour cela il doit adapter la constitution à ses besoins. La sécurité au Pérou est bien plus grande qu’avant. Même si les choses n’ont pas encore beaucoup changé, les citoyens sont motivés à faire de leur pays quelque chose de mieux, et cela est très positif. Cela se remarque au niveau du coup de la vie, il est plus élevé au Pérou, suivit à mon avis par la Bolivie et l’Equateur, bien que la différence entre ces deux derniers soit minime. En Bolivie, il y a plus de manifestations et de grèves de mécontentement. Les autres pays sont plus calmes, bien que l’Equateur se débatte dans une récession économique avec une inflation inquiétante à l’heure actuelle. Les gens dans les 3 pays sont sympathiques et accueillants, mais j’ai trouvé qu’en Bolivie, il y plus une tendance à “surtaxer“ les touristes. En Equateur et au Pérou c’est le cas dans les parcs nationaux. Un grand problème qui se rencontre dans les 3 pays, c’est le très bas niveau d’éducation. Il n’y a pas assez de places si bien qu’ils vont à l’école 5h par jour, et il y a des classes le matin, l’après-midi et même le soir au Pérou. Et tant qu’ils ne feront rien pour améliorer cette situation, ils ne pourront pas avancer. Les bâtiments sont très simples et désuets et l’infrastructure des classes me fait penser aux classes de nos pays au siècle passé. Il faut dire que la profession d’instituteur est une des moins attractives au point de vue financier, ce qui se répercute sur la motivation au travail. Pour moi c’est le point clé du développement des pays. Voici quelques pensées sur ces 3 pays. Peut-être que j’aurai d’autres remarques ces prochains jours.

 

Lundi, 4 novembre 1996
Journée tranquille, avec de nombreuses tâches administratives que je parviens à réaliser cette fois, car tout est ouvert aujourd’hui. Je parviens même à faire réparer mes souliers de trekking, mais il faudra que je cire bien les coutures pour que les trous se bouchent et soient étanches. Comme prévu demain je vais quitter la Bolivie pour le Chili.

 

Mardi, 5 novembre 1996
Lever très matinal à 4h45 pour aller prendre le bus. Je n’arrive pas à réveiller le chauffeur de taxi qui dort devant l’hôtel, je fais donc le trajet à pied jusqu’au terminal, ce n’est pas si loin finalement. L’office n’ouvre qu’à 5h45 et l’organisation est relativement chaotique. Ce qui se présente à nous comme “bus moderno“ est un vieux bus américain des années 60. Ça commence bien, mais les sièges sont confortables et il y a au moins assez de place pour les jambes. Nous partons à 6h30 et pour cela il fallait se lever tôt! La montée à El Alto se fait très lentement, ce qui laisse présager des capacités du moteur du véhicule. En effet, sur les bouts droits bien goudronnés de l’Altiplano, le bus aura des pointes de vitesse à maxi 80 km/h. C’est une honte pour cette compagnie d’utiliser des bus si désuets. C’est le plus mauvais bus, longue distance, que j’aie pris en Amérique du Sud jusqu’à maintenant. Nous passons par Palacamaya, Curahura, au pied du volcan Sajama 6520 m pour arriver au poste frontière bolivien de Tambo Quemado. Le passage de la douane se fait sans le moindre problème, et très rapidement. Nous montons encore un peu et passons un col à 4663 m d’altitude, avant de redescendre sur le poste de douane chilien.

 

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(67) La Bolivie est un pays d’Amérique du Sud de 1’098’581 km2 et 7’888’000 habitants. La capitale constitutionnelle est Sucre, mais la capitale politique est en fait La Paz.
(68) Ile du lac Titicaca du côté péruvien, que j’ai visité lorsque j’étais à Puno.
(69) Il est photographe, mais comme il n’avait pas de travail au Japon, il s’est expatrié aux USA pour y exercer son métier. Il est en reportage.

(70) Les églises en Amérique du Sud sont sombres et austères.
(71) C’est une ville toute particulière, où les pauvres vivent en haut et les riches vivent tout au fond. C’est normalement le contraire. Elle compte plus de 1’200’000 habitants et est située à 3640 m d’altitude.
(72) Le système de canalisations, est inexistant ou insuffisant. Les rues deviennent de vrais torrents, finissant dans la rue principale.
(73) Une ville en ruine qui était la capitale de la civilisation de Tiahuanaco, et qui connut son apogée dans les années 800-1100.
(74) Le lac Titicaca s’est retiré de plus de 20 km.
(75) Boisson alcoolisée à base de maïs, qui ressemble à la bière et qui est très populaire dans les Andes. Elle était déjà connue du temps des Incas.
(76) C’est la ville nouvelle construite sur les bords du cañon, où vivent en majorité la population pauvre. Les rues sont en général sans goudron alors qu’une autoroute moderne relie El Alto et La Paz.
(77) Nom donné aux étrangers, spécialement les Américains.
(78) Ce poste militaire n’est vraiment pas sérieux. Ils doivent être contents de voir des touristes, ça change un peu de l’ordinaire. Je suis persuadé qu’un groupe de 20 soldats d’élite pourraient prendre cette caserne en quelques minutes. C’est sensé protégé la région d’une attaque chilienne. J’en doute quand on voit l’organisation militaire chilienne.
(79) Salar de Chiguana.
(80) Lorsqu’il fait froid en hiver, l’eau gèle et les flamants restent coincés, et ne sont délivrés que lorsque le lendemain le soleil fait fondre la glace.
(81) Ville qui compte 110’000 habitants
(82) Ce fut une des principales sources d’argent pour la couronne d’Espagne. Cette montagne a toujours été exploitée, même avant l’arrivée des Espagnols. En dehors de la richesse distribuée, elle a un record bien triste car plus d’un million d’Indios y ont trouvé la mort en exploitant le minerais.
(83) Ils peuvent mettre plusieurs centaines de feuilles de coca, transformant la joue en une véritable cloque.
(84) Ville universitaire qui compte 112’000 habitants.
(85) L’église en Amérique du Sud est particulièrement très riche. En utilisant le manque d’éducation des gens, ils leur soutirent le plus d’argent possible. Même les pauvres paysans qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts consacrent env. 25% de leur maigre revenu pour faire des dons à l’Eglise. Il est clair qu’il y a peu de prêtres qui sont du côté des pauvres et les soutiennent. Ceux qui le font sont menacés d’excommunication par Rome! Ce n’est pas ainsi que le catholicisme va gagner des croyants.
(86) Il semble que les idées communistes sont encore bien présentes dans la classe universitaire de cette région du monde, malgré l’effondrement de l’ex URSS. Il faut dire que quand on voit la différence entre pauvres et riches, et le peu de perspective de changement et d’amélioration pour eux, il ne reste guère que l’idéologie communiste pour espérer un changement. Ils n’ont pas la possibilité de voir que ça conduira à un échec certain, l’information étant très mauvaise ou nulle pour ces populations.
(87) Une nouvelle preuve que l’armée bolivienne n’est qu’une mascarade et n’a aucune efficacité. Cela confirme ce que me disait un étranger résidant dans le pays. Il ne faut pas s’étonner si la Bolivie a perdu toutes les guerres qu’elle a eu durant ces 200 dernières années! Il le disait sous forme de boutade, mais il y a un peu du vrai là-dessous, du moins c’est mon opinion.
(88) Santa Cruz est la deuxième ville du pays. Elle a passé de 30’000 habitants en 1950 à 800’000 âmes aujourd’hui.
(89) La ville doit sa richesse à l’exploitation des gisements de pétrole, mais aussi de la drogue. C’est dans le plat pays de Bolivie qu’est cultivé la coca.
(90) Dans ces régions il y a beaucoup de personnes d’origine allemande qui ne sont pas étrangères avec les criminels de guerre nazis, du moins pour certains. J’ai entendu plusieurs “Heil Hitler“ dans mon auberge à Conception. On retrouve des nazis au Brésil, Paraguay, Argentine et Chili.
(91) Les Jésuites furent les premiers à pénétrer dans ces régions reculées, où personne ne souhaitait aller. Leur succès a fait surgir des jalousies et craintes dans les autres ordres religieux, et suite a leurs pressions, le Vatican leur a interdit de continuer leur mission; pas uniquement en Amérique du Sud par ailleurs! Il existe un véritable circuit en Bolivie, Argentine et Paraguay pour visiter les anciens sites jésuites.
(92) Ville fondée en 1571 qui compte 300’000 habitants. La température moyenne est de 18°C.
(93) La famille du président Bucaram, élu en juillet 96. Il était en exil au Panama mais a été “blanchi“ par la justice. Sa soeur est dans la même situation, mais elle est toujours en exil, car les poursuites judiciaires contre elle sont en cours. Il a élu son frère comme ministre alors que la constitution l’interdit. Sa politique de “Loco“ fera en sorte qu’il soit destitué de ses fonctions en 1997 et il retournera en exil au Panama.

 

1st Part - ECUADOR - PERU - CHILE - ARGENTINA